Des infirmiers belges

Le temps est devenu épouvantable, avec une tempête, de la pluie et un vent très fort. Quel temps pour ceux qui se trouvent dans les tranchées !
Ce matin, la fusillade s’éloigne un peu. Le canon, qui commence plus tard, semble aussi plus lointain. Mais au fil de la journée, tout se rapproche à nouveau, et la fusillade se fait entendre très clairement.
La ferme « La Bussche » est incendiée, ainsi que d’autres habitations aux alentours.
Le couvent est en émoi. On fait appel aux infirmiers belges, qui sont enfermés sous bonne garde. En même temps, la gendarmerie fait une descente. Le secrétaire juif et un chien policier mènent l’attaque, suivis des gendarmes et du capitaine. Ils cherchent un homme. Lorsqu’ils somment la Supérieure locale de révéler où se cache un soldat français, elle répond qu’il n’y en a pas.
« Eh bien, vous allez être fusillée ! » s’écrie le gendarme.
« Soit, mais il n’y a pas de soldat français ici… Et comment pourrait-il y en avoir, puisque les sentinelles gardent les portes jour et nuit ? »
« Vous mentez ! » hurle le gendarme furieux, braquant son revolver près de son œil.
« Non, je ne mens pas… Tuez-moi si vous le voulez ! J’ai ma conscience et mon honneur, cela me suffit ! » Le capitaine fait un geste, et le gendarme abaisse son arme. En réalité, la Supérieure ne se rendit compte du danger qu’après coup. Elle doit les suivre dans chaque pièce de la maison, fouillée minutieusement, ainsi que dans le jardin où, trois mois plus tôt, un major allemand avait fait enfouir les vêtements d’un Anglais mort à l’ambulance. Sur l’indication d’un soldat qui connaissait l’endroit (probablement suite à une dénonciation), deux infirmiers belges furent contraints de déterrer ces vêtements et de les porter à la commandanture, où l’on vérifia si la blessure indiquée dans notre registre correspondait à la déchirure du vêtement. L’affaire s’arrête là.

D’après la presse allemande, Messines et Wijtschate résistent aux attaques françaises et anglaises. L’objectif des Bavarois est Kemmel.