Des canons traversent Comines

Les Allemands ramènent leurs morts des lieux de combat, et les enterrements s’enchaînent. Vers 10h, on assiste à l’enterrement d’un soldat blessé la veille, tandis que de nombreux blessés sont soignés à l’ambulance rue de Wervicq. Désormais, chaque jour, des cortèges funéraires passent en direction du cimetière.

Cimetière de Comines Belgique Soldats allemands – Fonds SHCWR

Des troupes plus nombreuses que la veille s’installent rue de Wervicq, réquisitionnant pain, viande, pommes de terre et rata pour le repas vers 11h. Des aéroplanes survolent la ville en grand nombre, tandis que de nombreux canons et voitures de munitions, tirées par six chevaux, traversent la ville.

Les habitants de Comines osent à peine regarder par leurs fenêtres. Dans l’après-midi, vers 14h, une nouvelle canonnade éclate, et plus de 200 personnes se réfugient dans des caves.

Les habitants des rues d’Houthem et de Ten-Brielen sont évacués. En soirée, les Allemands imposent d’allumer des lampes aux fenêtres du haut pour éclairer les passages des soldats et signaler les itinéraires à suivre. Après l’explosion du petit pont le 6 octobre, la conduite de gaz reliant Comines-France à Comines-Belgique est brisée, privant la ville de lumière. Seules les lampes à pétrole ou les bougies sont opérationnelles.

Les habitants du centre de Comines ne peuvent plus passer ni au-delà du canal, ni au-delà des chemins de fer. Un couvre-feu est instauré à 19h, et tout civil pris dehors après cette heure sera fusillé.

Le Père Supérieur, R. P. Ranson de l’Alumnat du Bizet, écrit dans ses notes : « Aujourd’hui, j’ai failli être tué par des balles anglaises… ». Une quinzaine de coups ont été tirés dans sa direction, car les Anglais l’ont pris pour un Allemand ou un espion alors qu’il se trouvait à une fenêtre. Il échappe de justesse et un officier anglais vient s’excuser pour cette méprise. Le Père Supérieur et ses compagnons évitent de renouveler cette expérience.

Les Anglais lancent une attaque sur Warneton, qui est barricadée par les Allemands. Ils enlèvent une première barricade, mais la seconde est infranchissable, les cavaliers anglais battent en retraite et s’installent à l’Institution de Messines. Les caves de ce monastère abritent femmes et enfants locaux.

Soldats allemands sur le pont de Warneton – Fonds SHCWR

Un obus frappe l’hospice de Warneton. En ville, les hommes sont réquisitionnés pour creuser des tranchées.

La nuit est plutôt calme, hormis quelques fusillades.

Avec son 12e de Ligne, Jacques de Dixmude, surnommé ainsi plus tard, occupe la tête de pont de Dixmude, le point stratégique du front de 40 km, tenu par 80 000 hommes. Si Dixmude tombe, les Allemands pourront atteindre Paris. Albert Ier demande à Jacques de tenir trois jours ; il tiendra dix-sept jours, malgré deux blessures, jusqu’à ce que l’inondation provoque la panique chez les Allemands.

Sources :