Soirée genièvre puis visite au Casino

On n’entend plus rien, ni canon, ni fusillade.
L’église de Comines-France a subi peu de dégâts.

À Comines, la population vit une existence « empruntée ». Chacun cache sa rancune sous un masque de politesse et d’amabilité feinte envers l’occupant.
À Comines-Belgique, les magasins rouvrent en nombre croissant. On y trouve de tout : des poignards bavarois chez Vuylsteke, des cartes allemandes chez Denys, des vues de l’armée belge chez Devroedt. Mais un fléau grandit : la débauche. Dans certains commerces, amabilités forcées et tenues suggestives semblent être les seuls moyens de vendre. Des femmes pomponnées et frisées arpentent les rues, cherchant à attirer le regard des soldats. Certaines maisons, déjà connues pour leur mauvaise réputation, deviennent des lieux de perdition. C’est un spectacle écœurant. Autrefois, la ville connaissait une certaine liberté, mais rien de comparable à l’excès actuel. Pourtant, il faut reconnaître que certaines personnes, malgré leurs penchants, savent encore se respecter.
Le plus grand salon de coiffure de Comines est dirigé par un garçon de 14 ans, assisté de deux enfants de 10 et 12 ans. Sa sœur, une charmante demoiselle de 15 ans, vend des savons et des parfums. Elle constitue, à elle seule, une attraction du magasin.
Deux pièces de théâtre sont au programme : Bilbao, l’homme primitif et Visite des dames de Leipzig.
Des musiciens donnent un concert dans une prairie près du pont monté par le génie.
Dans la rue de la République, un Casino pour officiers a été installé par la Division. Les jeux y prospèrent.
Pour tuer le temps, certains passent leurs soirées entre genièvre et parties au Casino.
Des officiers profitent d’une vie agréable, installés en grands seigneurs. Pourtant, dans le civil, ils ne bénéficieraient pas d’un tel confort. Georg Cohn observe avec mépris cette caste parasitaire, convaincu qu’elle ne contribuera pas à la victoire.
À Proven, un grand défilé de l’armée française a lieu en présence des généraux Aimé, Ferry, Balfourier, du maréchal Foch et du commandant en chef Joffre. Le soir, Foch loge au château d’Elverdinghe.
À Reninghelst, le village déborde de réfugiés venant de Messines, Wijtschate, Kemmel, Warneton et Hollebeke. Toutes les maisons sont pleines à craquer, et chaque recoin abrite plusieurs familles.