« Nicht zu machen »

Encore une nuit marquée par des fusillades, suivie d’une journée de pluie torrentielle, amplifiant l’angoisse et le repli des habitants.
À l’aube, le curé de Comines tente de célébrer la messe dans l’église paroissiale, malgré l’interdiction formelle. En essayant d’entrer par la grande porte donnant sur la place, il est refoulé par deux soldats allemands armés : « Nicht zu machen » (Pas possible). Plus tard, même les aumôniers catholiques allemands se heurtent à ce refus d’accès, un acte qui scandalise M. Sponsel, l’aumônier en chef. Dans un échange animé avec le curé, il critique ouvertement les Prussiens, s’exclamant : « O die Preußen ! » et affirmant son intention de porter l’affaire devant le général.


En conséquence, les fidèles se replient à la chapelle des Sœurs, où des confessionnaux portatifs sont désormais installés. Pendant ce temps, au fronton de l’église, les autorités allemandes placardent une grande pancarte désignant l’église comme le « Pionnier Park » de la 2e armée bavaroise, symbolisant l’appropriation totale de l’édifice par l’envahisseur.
Georg Cohn, membre du 16e régiment bavarois, continue de soigner les blessés, mais ses réflexions trahissent un profond désenchantement. Il observe avec amertume que ce régiment, composé de jeunes soldats souvent issus des milieux intellectuels ou artistiques (dont Adolf Hitler), est victime du fanatisme et de l’arrogance inculqués pendant les longues périodes de paix. L’officier supérieur List, ayant péri lors des combats, illustre ces pertes insensées que Cohn attribue à la stupidité cultivée en Allemagne.
Pendant ce temps, les Yprois vivent dans une peur constante. Ceux qui n’ont pas de caves cherchent refuge dans les sous-sols des remparts de la ville, témoignant de l’insécurité généralisée alors que les combats continuent à l’est d’Ypres.
Ce sombre tableau met en lumière l’impact de la guerre non seulement sur le terrain militaire, mais aussi sur les institutions religieuses et sur le quotidien des civils, pris entre l’oppression de l’occupant et les horreurs des combats.