Office pour catholiques et protestants

Temps abominable, tempête de neige. La journée ressemble à la veille : fusillades et canon se rapprochent la nuit et le jour. Il est presque impossible de sortir de chez soi, à peine peut-on se rendre chez le coiffeur pour se faire raser.
Un office pour les catholiques et un autre pour les protestants sont célébrés à l’église sans en avertir le curé, et les aumôniers catholiques ne protestent pas.
Une ambulance s’installe dans la nouvelle fabrique Ducarin à Comines, France.
Les dernières sœurs quittent le Gheer. Sœur Candide, sœur Victor-Marie et sœur Alphonse-Marie partent vers le Nord, puis sont accueillies à Hazebrouck avant de retourner à Besançon, où elles retrouvent toutes les sœurs de Belgique, saines et sauves. Les sœurs s’occupent alors de l’hôpital militaire dans l’ancien pensionnat, rue de Cingle.
150 canons français de type 75 passent par Poperinge en direction du front d’Ypres, tandis que de nombreux blessés anglais et français affluent d’Ypres dans l’autre sens.

Les « Olga Dragoner » sont relevés par des troupes de la B.K.D., quittant définitivement le secteur.
Un journaliste neutre néérlandais ainsi que son confrère du journal « Le Temps » s’installent au sommet du Mont des Cats, désormais loin de la ligne du front. Ils décrivent le paysage qui s’offre à leurs yeux. « Devant nous, les tours d’Ypres; à droite, les cheminées d’Armentières, à gauche, une ville recroqevillée autour d’une église : Poperinghe; dans la même direction, emmitouflée dans de gros nuages : Dixmude; puis, plus à gauche, perdue dans une lumière bleue on peut s’imaginer la ville de Nieuport. A nos pieds, tel un tableau de maître, se déroule l’entièreté du théâtre des opérations. »
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