Bourbier abominable le long de l’Yser

La fusillade résonne encore la nuit, mais durant la journée, le canon reste silencieux.

Les cabaretiers sont autorisés à rouvrir pour vendre bière, vin et café, sauf La Pomme d’or, fermée pour des raisons de moralité.

La crainte d’un manque de malt pousse à des arrangements : de Wulf accepte d’en fournir 5.000 kg, à rembourser après la guerre avec 100 tonnes de bière. La brasserie Dumortier, quant à elle, croule sous les commandes, certains cabaretiers écoulant plusieurs centaines de litres de bière par jour.

Le soir, de rares coups de canon se font entendre, mais la fusillade, particulièrement vive, change de direction et se concentre vers Warneton.

Les pluies récentes transforment les routes en bourbiers, paralysant les mouvements des troupes, notamment le long de l’Yser où la nature du terrain contraint les soldats à rester sur place.

À Ypres, l’ambulance du 10ᵉ Corps d’Armée français s’installe avec 14 prêtres, 25 officiers et plus de 300 ambulanciers. La ville met à leur disposition quatre salles équipées de vingt lits chacune.

Un communiqué de Berlin mentionne ces développements.


NDLR : Un petit point de vue sur les troupes belges à cette période.

À cette période, les troupes belges se retrouvent dans une situation particulièrement éprouvante. Après avoir résisté héroïquement à l’envahisseur lors des premières semaines de la guerre, elles sont désormais figées dans les tranchées de l’Yser, à défendre un dernier bout de territoire belge. La ligne de front est un mélange de boue, de froid et de privations, où chaque jour se ressemble, marqué par les bombardements et la lutte pour la survie.

Le moral des soldats oscille entre résilience et lassitude. Les conditions de vie sont déplorables : la pluie incessante transforme les tranchées en bourbiers, le ravitaillement est souvent insuffisant, et les épidémies guettent. Pourtant, la fierté nationale et le sens du devoir continuent de porter ces hommes.

Les photos prises sur le front montrent parfois des soldats souriants, mais ces sourires sont souvent éphémères. Ils témoignent moins d’un état de joie durable que d’un moment suspendu, arraché à la dure réalité quotidienne, peut-être à l’idée d’un souvenir à laisser derrière eux. En vérité, ces hommes vivent sous une pression constante, entre le devoir de défendre leur pays et l’incertitude du lendemain.

Les troupes belges, malgré leur faible nombre comparé aux armées des grandes puissances alliées, incarnent une détermination exemplaire. Elles tiennent leur position sur l’Yser, sachant qu’elles défendent bien plus qu’un territoire : l’honneur et l’identité d’une nation.

Sources :

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