Récit apocalyptique d’un infirmier allemand

Le canon tonne toujours violemment, et de grands mouvements de troupes se succèdent.

Le régiment bavarois R.I.R. n° 8 mentionne dans son historique que la fête du roi de Bavière est marquée par des offices catholique et protestant, célébrés sur la place de Comines-France. L’église, utilisée comme ambulance depuis fin octobre 1914, est indisponible.

En soirée, une retraite militaire se déroule. À 18 h, un régiment passe en fanfare, tandis qu’un kiosque en bois est construit sur la grand-place.

Le kronprinz Ruprecht de Bavière, fils du roi Louis III et héritier du trône, arrive à Comines pour la première fois. Il préside les cérémonies en l’honneur de son père.

Kronprinz Ruprecht de Bavière sur la place de Comines France – Fonds SHCWR

Plus tard, la fusillade se rapproche à nouveau.

Les chevaux sont introuvables, et il devient très difficile de trouver un camion pour transporter les produits de la brasserie.

Dans les centres de soins de Comines, on organise l’évacuation des blessés et malades, qu’ils soient allemands ou prisonniers alliés.

Les hommes du Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 202 se dirigent vers Ten-Brielen pour relever le I.R. n° 105 à une position stratégique près de la Côte 60, récemment conquise par le I.R. n° 132 et le Jäger Bataillon n° 8. Cette position, située près d’une voie ferrée, comprend un avant-poste à seulement un mètre des lignes ennemies. Le secteur est sinistre : ceux qui bravent les tirs précis des Chasseurs Alpins aperçoivent de nombreux cadavres de soldats français, tombés dans le no man’s land depuis plus d’un mois.

Un infirmier allemand raconte dans une lettre les scènes terribles qu’il vit derrière l’Yser. Les blessés affluent en masse, un tri rapide est effectué, et les cas les plus graves sont pris en charge en priorité. Il agit vite, sans s’attendrir. Ceux qui survivent à cet enfer préfèrent garder le silence, craignant de revivre ces souvenirs douloureux. Ils choisissent d’oublier, car autrement, la vie – et surtout le sommeil – devient insupportable.

Sources :
Retour en haut