Les Tommies courent nerveusement

Dès 6 h 30, sous un léger brouillard, le régiment d’infanterie 104 allemand, commandé par l’Oberst Hammer, attaque la ligne Le Gheer – Ploegsteert. Ils capturent un officier, une cinquantaine d’hommes, ainsi que deux mitrailleuses anglaises. L’Essex Regiment, aux côtés des East Lancashire, du 1st Somersetshire et des 9th Lancers, participe à une contre-attaque pour reconquérir le carrefour situé à 1 200 mètres au nord du Touquet, près du Bois du Gheer. Les 13e et 15e pelotons jouent un rôle important dans la reprise du hameau. La compagnie D, soutenue par deux compagnies du East Lancashire, subit de lourdes pertes, notamment avec la mort du lieutenant J. Vance lors de l’assaut.
Vers midi, la résistance anglaise se renforce, forçant les Allemands à interrompre leur attaque. Le bilan pour le 104e régiment est de 326 disparus, incluant morts, blessés ou prisonniers. L’ordre est donné de soigner les blessés, consolider les positions et creuser des tranchées.
Sur la droite du général Haig, le 3e corps britannique subit un revers en direction de Comines, près de la jonction de la Lys avec le canal d’Ypres, perdant du terrain et environ 2 000 hommes. Cela paralyse en partie le 1er corps. À gauche du général Rawlinson, les divisions territoriales françaises et le corps de Mitry sont légèrement repliés.
À Comines, bien avant l’aube, de nombreuses patrouilles arrivent de Wervicq, certaines accompagnées de chariots. Bientôt, Comines Belgique est envahi par des cavaliers et des canons venant de Comines France, traversant vers la voie romaine.

Le canon gronde en direction de la Garde-Dieu, où les Allemands sont postés, et les obus continuent de tomber toute la journée jusque tard dans la nuit. Des pièces d’artillerie des 2e et 3e batteries, accompagnées d’Uhlans, se dirigent vers Hollebeke et Zandvoorde pour bombarder depuis les écluses n° 3, la chapelle Lamey, ainsi que les fermes Pillegrems et Hooge Schuur.
De nombreux aéroplanes survolent Comines, mais les tirs au sol ne parviennent pas à les atteindre.
Vers 20 h, de vives fusillades éclatent, et le grondement du canon continue toute la nuit. Vers Warneton, on aperçoit des éclatements d’obus ressemblant à des exhalaisons.
Des convois de cavaliers et de munitions se dirigent vers Wervicq, passant par la Belgique et la France.
À Comines France, des blessés allemands arrivent à l’ambulance par chariots en provenance de Bas-Warneton et d’Houthem, blessés dans la journée. Les plus gravement atteints sont envoyés au couvent des Dames d’Orléans à Comines Belgique.
Les troupes allemandes occupent le hameau de la Cortewilde à Houthem. Pendant sept jours, une bataille oppose ces troupes à une batterie britannique positionnée autour du moulin de Hollebeke. En novembre, les Allemands détruiront ce moulin, suspectant qu’il servait à transmettre des informations aux Britanniques. Situé en hauteur, il constituait également un précieux point d’observation. Le moulin ne sera pas reconstruit après la guerre.
À Comines Ten Brielen, les Tommies, nerveux, s’activent dès le matin. À midi, la nouvelle tombe : ils doivent se retirer entre 16 et 17 h en direction de Zandvoorde, ne pouvant plus résister aux forces allemandes. Les habitants sont invités à partir vers Hollebeke. Aux environs de 19 h, le village est pris d’assaut par les Allemands, et les rues se remplissent de soldats allemands. Le moulin de Zandvoorde est en flammes, illuminant la nuit.
Les Anglais se préparent à une attaque entre Hollebeke et Zandvoorde, tandis que le château de Mme Mahieu (Hollebeke-Voormezele) est attaqué par les Allemands. À Ypres, un train blindé stationné près de la porte de Lille tire sur Comines et Warneton.
Ce jour-là, 40 000 soldats britanniques passent par Poperinge en direction d’Ypres. Les troupes allemandes, arrivant de l’est, atteignent Frelinghien, où se trouvent deux imposantes brasseries, tenues par les Anglais, qui dominent la région. Ces bâtiments deviennent des cibles stratégiques pour les Allemands.
L’industriel cominois français Charles Catteau, récemment libéré comme otage, décède à la suite d’une crise cardiaque, après une nuit blanche en détention.
À Ypres, les combats s’intensifient avec des pertes importantes de part et d’autre. Pendant ce temps, à Londres, un journal intitulé L’Indépendance Belge est publié en six pages pour les 150 000 réfugiés belges arrivés en Angleterre, avides de nouvelles de leur pays.