Quelle journée

La journée est très chaude, et le canon gronde intensément autour de Comines. L’artillerie allemande déploie une force de feu sans précédent, avec des tirs intenses de tous calibres pendant deux heures, avant qu’un calme soudain ne précède le mouvement des troupes.
Des obus explosent près de la rue de la gare, de l’hôpital, et dans les quartiers ouvriers à Comines France. Un commandant venant de Valenciennes annonce l’installation de munitions dans l’église tout en demandant que les offices continuent. L’espace réservé aux fidèles diminue peu à peu.

L’hôpital civil de Comines France est touché par une épidémie de typhoïde et de dysenterie, avec 13 décès. L’ambulance quitte ses anciens locaux pour s’installer dans une ferme plus confortable à la Garde Dieu. Sur le mur du corps de logis, des portraits d’hommes et de femmes intriguent Georg Cohn, qui remarque l’expression nordique et intelligente de leurs visages.
Les troupes d’Essex subissent un violent assaut allemand, éclairé par les incendies provoqués par la Feldartillerie. Les Allemands, regroupés à l’est d’Ypres, attaquent la jonction entre le 1er Corps britannique et le 9e Corps français, mais les Alliés résistent avec courage. La Garde prussienne, mobilisée depuis Arras pour cet assaut, est décimée.
L’Institut de Wijtschate et le château Godtschalk, deux bâtiments récemment construits, tombent aux mains des Allemands. Les artilleurs français, sans autre choix, les bombardent.
À 9h30, la division de la Garde prussienne avance le long de la route de Menin. Les troupes de von Fabeck progressent entre Messines et le canal Ypres-Comines, tandis que celles de von Lissingen avancent entre le canal et Zonnebeke, cherchant à percer le front d’Ypres.
Les hommes du général Moussy sont attaqués à Zillebeke et Hill 60, positions stratégiques que les Allemands s’emparent brièvement avant que le général Dubois et ses troupes ne les reprennent. À Ypres, la brigade britannique des Guards, sous le commandement de Fitz Clarence, fait face à des soldats prussiens surgissant du brouillard « comme des fantômes gris ».

L’après-midi est marqué par plusieurs assauts. À midi, les Allemands repoussent les Français au sud d’Ypres, mais les renforts alliés stabilisent la situation. À 13h30, un assaut allemand à l’est est bloqué par l’artillerie britannique. À 15h, une attaque le long de la route Menin-Ypres est contrée par une contre-attaque anglaise. La brigade des Guards est réduite à quelques officiers et soldats, et Fitz Clarence est tué.
L’artillerie anglaise et française pilonne les positions allemandes toute la journée depuis le Mont Kemmel et Ploegsteert. Les combats continuent jusqu’à la nuit sur tout le front.

Le combat s’intensifie avec des tirs vers Hollebeke et Warneton, et le soir, des incendies éclatent à Wervicq et Zandvoorde. À 22h30, un violent orage éclate, accompagné de grêle et de vent violent. Le canon et la fusillade retentissent.
Cet ultime effort permet de sauver Ypres. Le front se stabilise enfin, de la frontière suisse à la mer du Nord.