Des travailleurs réquisitionnés

Les prisonniers civils de Ten-Brielen, qui ont été emmenés à Wervik hier, sont maintenant conduits à Lille, sous la menace d’y être fusillés. Ils sont enfermés dans la citadelle, où ils passeront cinq longues journées, terrifiés. Chaque jour, ils ne reçoivent qu’un morceau de pain et de l’eau, mais personne n’a réellement faim, car devant la mort imminente, l’appétit disparaît. Chaque matin, ils se demandent si l’exécution aura lieu ce jour-là, et chaque soir, si cela se fera durant la nuit. Tous sont convaincus que la mort les attend, et c’est en silence que chacun pleure pour sa famille et pour soi-même.

Après la prise de Kruiseek, des travailleurs sont immédiatement réquisitionnés et conduits sur les positions allemandes, répartis en équipes à environ 300 mètres des lignes anglaises. Le sol est jonché de cadavres et de soldats blessés. Ce qui devait arriver survient : vers 13 h, une violente fusillade éclate. Les travailleurs se jettent dans les tranchées conquises, se retrouvant entre des Tommies mutilés, que les soldats allemands achèvent à la baïonnette. Après la fusillade, le calme revient et le travail reprend. Les cadavres sont enterrés dans des fosses communes, et les travailleurs rentrent chez eux, soulagés d’avoir survécu.

Les artilleurs anglais visent la ferme Delbecque au Gheer, tandis que les Allemands bombardent les maisons du Gheer derrière leurs lignes. Ils récoltent également les feuilles de tabac dans les champs pour habiller les parois des tranchées.

Certains réfugiés de Warneton sont très déçus à leur retour : une cinquantaine d’habitations sont brûlées, les forçant à repartir pour Comines.

Ruines Warneton – Fonds SHCWR

À 14 h, une réunion des notables se tient à la mairie pour des réquisitions ; on demande des poires, des confitures et du cognac. Plus tard dans l’après-midi, c’est au tour du vin d’être réquisitionné ; on vient même demander le nombre de bouteilles en stock. Le soir, un incendie éclate vers Ten-Brielen.

La deuxième batterie allemande B.K.D. réussit à abattre un ballon d’observation.

À Furnes, le juge Feys, qui héberge le général belge Wielemans, le persuade de tenter d’inonder la plaine de l’Yser. Le juge Feys s’est inspiré des archives brugeoises du 26 germinal an VI (15 avril 1798), qui relatent une inondation réussie pour défendre Nieuport. Avec l’aide de Charles-Louis Kogge, surveillant au service de la Wateringue, et du capitaine belge Thys, ils tentent en vain d’ouvrir les écluses du Veurne-Sas sous le feu des Allemands.

Morts pour la patrie :

  • Fernand Provost, né à Warneton le 21 août 1894, soldat au 1er régiment de grenadiers, matricule 51900, est décédé entre le 24 et le 27 octobre 1914 à Pervijze.
  • Hector Werquin, né à Ploegsteert le 21 octobre 1886, soldat brancardier au T.A.S.S., matricule 23990, est tombé au champ d’honneur à Stuyvekenskerke.
  • Dans le cimetière communal d’Ypres, à l’extrémité droite du cimetière militaire de la rue de Zonnebeke, repose le Prince Maurice de Battenberg. Grand-oncle de la reine Élisabeth, il succombe à 23 ans à ses blessures près de Drogenbroodhoek. Lieutenant au King’s Royal Rifle Corps, il est le fils cadet du prince et de la princesse Henry de Battenberg, née Béatrice, et le petit-fils de la reine Victoria, souveraine du Royaume-Uni et impératrice des Indes.
Sources :
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