Des obus dans l’église
Durant toute la nuit, de nouvelles troupes allemandes arrivent depuis Wervicq, alors que le grondement du canon s’éloigne. Les pénuries alimentaires se font de plus en plus pressantes : les habitants n’ont accès qu’à des pommes de terre et du pain, qu’il faut réserver à l’avance et parfois aller chercher plusieurs fois. Pour la journée, la promesse d’obtenir du pain noir apaise quelque peu les esprits.
Sous l’occupation allemande, le drapeau allemand flotte désormais sur l’église, et le clergé a dû remettre toutes les clés. Vers 10 heures, un commandant allemand, courtois et parlant un français impeccable, annonce son intention de stocker des munitions dans l’église tout en permettant la poursuite de la messe. Il ordonne même de nettoyer l’église et fait déposer des blessés à l’intérieur. À deux reprises, les chaises sont sorties de force.
La soirée est marquée par une agitation croissante ; les tirs d’artillerie et les fusillades se rapprochent. Les coups de sifflet de la veille étaient en fait une alerte pour que les pompiers se tiennent prêts à l’hôtel de ville en cas de bombardements anglais pouvant provoquer des incendies.
Sur le front, la 5ᵉ Division bavaroise prend position sur les hauteurs au sud de Saint-Éloi, tandis que von Falkenhayn regroupe ses troupes devant Boezinghe. De leur côté, les renforts permettent à l’I.R. N° 119 de quitter Messines pour la Russie, où de nouvelles missions l’attendent. Les combats, d’une extrême violence, reprennent entre Dixmude et le sud d’Ypres ; malgré ces efforts acharnés, les résultats sont minimes, à l’exception de la prise de Dixmude.
L’empereur d’Allemagne, en visite au QG de Tielt, encourage les troupes fraîchement mobilisées, un mélange de très jeunes soldats et de quadragénaires. Conscient de l’urgence, il insiste sur la nécessité de percer le front avant l’hiver, qui rendrait impraticables les routes pour les convois d’artillerie.