A Ypres l’hôpital se vide

La fusillade continue de résonner en direction de Warneton et d’Armentières.
Certains boulangers n’améliorent toujours pas la qualité de leur pain, préférant utiliser leur farine américaine pour confectionner des gâteaux destinés aux soldats.
Le garde, qui avait interdit aux cabaretiers de vendre de l’alcool, s’est reconverti en marchand de liqueurs avec la complicité de l’aide-éclusier.
Le commissaire vend à son propre profit les fumiers de la ville.
Depuis hier, il est possible de se rendre à Wervicq sans passeport. De nombreuses personnes en profitent pour circuler, après plus de quatre mois d’immobilité, faute d’autorisation de déplacement.
Le pain, qui s’était légèrement amélioré ces huit derniers jours, redevient mauvais. Il provoque de nombreuses maladies, notamment des maux de gorge, des douleurs d’estomac et des diarrhées. Par ailleurs, son prix augmente : il coûte désormais 55 centimes.
Les mœurs continuent de se relâcher. À Comines-France, une maison de « femmes et filles malades » a ouvert. Dans certaines maisons particulières, de véritables fêtes sont organisées avec des filles qui y sont introduites.

La consommation de bière varie fortement : inexistante la semaine dernière, elle connaît cette semaine un regain soudain.
Les malades et les blessés de l’hôpital d’Ypres sont transférés vers l’hôpital de Saint-Omer.
Offensive ottomane sur Suez : Les forces ottomanes lancent une attaque sur le canal de Suez, tenu par les Britanniques. L’offensive est repoussée.e.
Victime civile :
- TORRE Arthur né à Watou le 22 juillet 1864. Décédé à Ploegsteert aujourd’hui à 20 h., âgé de 61 ans (acte 24,1915, PL). Ploegsteert a été bombardé tout l’après-midi, forçant la famille Torre à se réfugier dans la cave. Le soir, Arthur est remonté pour aller placer le panneau devant la porte d’entrée. À ce moment-là, un shrapnel a explosé dans la couronne d’un arbre situé en face de sa maison. Un éclat l’a atteint à la poitrine.