Les Allemands sont à Comines.

Le premier dimanche du mois, fête du Très Saint Rosaire, des gendarmes belges observent depuis le clocher de l’église de Comines (Belgique).

En France, le maire de Comines France, M. Ducarin, demande au doyen d’annuler la procession prévue à 15h30 pour éviter la panique face à l’arrivée imminente des Allemands. Il avait raison, car vers 16h, pendant les vêpres, les Allemands entrent à Comines (France) en venant d’Halluin, après avoir été arrêtés à Frelinghien lors de leur retraite de la Marne. Ils s’installent à Comines pour la nuit, fatigués et sentant la sueur, et envahissent maisons et usines, utilisant des écheveaux de rubans et de coton comme couchettes.

Le pont-levis entre les deux pays avait été levé inutilement, car il se manœuvre du côté français. Le pont, levé par un Belge, est rapidement baissé, et une cinquantaine de Uhlans, escortés de cyclistes de chaque côté, traversent la frontière, menés par un officier à cheval, revolver à la main. Un bruit de bottes et de ferrailles annonce l’arrivée à Comines (Belgique) de la troupe allemande : cavaliers, artilleurs et fantassins, environ 400 à 500 hommes, avec trois canons et quelques cyclistes en tête. Guidés par un ancien employé de Comines (France), Richard Kyselbach, les Uhlans traversent la ville en direction de la rue de la Gare pour rejoindre Ypres.

Les gendarmes et les volontaires belges, cachés durant le passage des Allemands, réapparaissent au grand pont. Craignant une fusillade et des représailles, le bourgmestre Van der Mersch demande à leur chef, Tavernier, de quitter Comines. Tavernier, sans ordre de ses supérieurs, accepte à condition d’avoir une procuration d’expulsion. Celle-ci est rédigée sur-le-champ, et les gendarmes se retirent, l’esprit tranquille.

Troupe allemande Comines Belgique vers la rue de la Gare 4 octobre 1914 – Un immense merci à Marcel Bouckuyt

Les allemands sont aussi à Bas-Warneton.

Sur la route, ils attaquent un train vide venant du Touquet. Le chef de train Moulaert réussit à s’échapper et retourne à Ypres à pied. Deux membres de l’équipage, le chauffeur et le mécanicien blessés, sont soignés au couvent des Sœurs d’Orléans rue de Wervicq, où se trouve une infirmerie. Un Uhlan blessé est également soigné dans ce même couvent, et grâce à son témoignage sur le bon traitement reçu, le couvent est épargné du pillage.

Cependant, la gare de Comines est saccagée : guichets détruits, argent volé, et lignes télégraphiques coupées avant que les Allemands ne poursuivent leur route vers Ypres.

Les Allemands détruisent le télégraphe du Touquet puis, par le chemin de la Blanche, s’avancent vers Warneton. Ils sabotent également la ligne de chemin de fer à hauteur de la gare.

Peu avant l’heure des vêpres et de la procession du Rosaire, prévue à la Grotte située à environ deux cents mètres de l’église de Warneton, des rumeurs circulent : on aurait aperçu des Allemands du côté de Frelinghien. Tandis que la majorité des habitants se recueillent à la Grotte, l’atmosphère est empreinte d’une certaine inquiétude. Soudain, environ cent cinquante soldats allemands font leur apparition et s’arrêtent devant le couvent de Warneton.

Six de ces soldats avancent dans la rue de Lille, où ils croisent deux volontaires belges qui tentent de leur bloquer le passage. Une fusillade éclate : deux Allemands sont blessés, et un autre est tué. Ses camarades le remettent sur son cheval et l’emportent.

Pendant ce temps, au Bizet, des coups de feu éclatent lors d’une rencontre entre patrouilles françaises et allemandes près de l’Alumnat. La fusillade, brève, se termine par la reddition de la patrouille allemande. Les habitants du Bizet assistent, émus, au passage des Allemands désarmés entre les baïonnettes françaises.

À Ypres, les soldats belges de la classe 1914 s’entraînent devant la gare, tandis que des automitrailleuses belges se préparent à affronter les Allemands. Le bourgmestre, M. Colaert, appelle la population à rester chez elle.

Les trains ne circulent plus entre Ypres et Comines.

Ypres sera désormais occupée par les Allemands pour la première fois.

Des renforts britanniques de la Royal Naval Division arrivent à Anvers pour soutenir la défense de la ville.

Le 13e régiment d’infanterie arrive à Lille pour défendre la ville contre l’avancée ennemie.

Les Allemands réunissent toutes leurs forces pour enfoncer le front devant Arras.

Sources :
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