Il fait froid dans l’église

Les nuits sont toujours des nuits de combat.

On réquisitionne tout ce qui se trouve à Comines ; plus aucune vivres ne sont disponibles. Tous les vélos sont réquisitionnés et entreposés dans l’ancienne église.

Ancienne église de Comines Belgique – Fonds SHCWR

Peu de monde assiste aux messes. Les habitants n’osent pas sortir de chez eux ; de plus, il fait froid dans l’église, car la plupart des fenêtres sont brisées.

Les soldats allemands cherchent désespérément des journaux belges, mais depuis l’occupation, il n’y en a plus. Ils souhaitent des nouvelles locales car ils n’ont pas confiance en leurs propres journaux. « Nous ne pouvons pas trop les croire », disent-ils. En allemand : « Papier ist geduldig », ce qui signifie en français : « le papier accepte tout ce qu’on y imprime ». Ils n’ont pas tout à fait tort.

Fusillades vers Ten-Brielen, canonnades, et passage de troupes rythment la journée. Hannicart Ernest-Pierre est déporté en compagnie de 25 autres concitoyens accusés d’être des « francs-tireurs ». Il passe quelque temps à Lille avant d’être transféré aux camps de Munster, puis d’Holzminden.

La semaine écoulée a vu passer des milliers de soldats et de chevaux à Comines France, laissant derrière eux un véritable champ d’ordures. Les paroissiens qui se rendent à la messe ce dimanche doivent marcher dans les immondices. La Commandantur ordonne alors une corvée de balayage pour remettre les lieux en état.

Ancienne église de Comines France – Fonds SHCWR

Le combat pour s’emparer de Kruiseek commence, et les Allemands voient leur avancée coupée. Les 20e et 25e régiments de l’armée territoriale viennent renforcer les 3e et 7e divisions de cavalerie à l’Amérique.

Kruiseek est bombardé pour la première fois par des canons lourds de 20,5 cm tirant depuis Geluwe. Les premières grenades lourdes explosent sur les lignes anglaises, faisant trembler les maisons de la place. Les Anglais ne peuvent riposter qu’avec des grenades de petit calibre, tandis que les hommes de l’armée territoriale ouvrent un chemin sanglant au sud du hameau de l’Amérique. L’aile gauche du 27e corps de réserve attaque du côté du Schiethoek.

Deux cents hommes du 242e régiment de réserve sont faits prisonniers.

Les Français et les Anglais réussissent à atteindre Beselare et à occuper le village.

Les échecs sur le terrain poussent à la ruse : les Anglais aperçoivent des silhouettes suspectes approcher. Tout à coup, une voix s’écrie : « Do not shoot, we are the South Staffords ! ». Mais les mitrailleurs anglais reconnaissent les casques à pointe et ouvrent le feu à temps, laissant une soixantaine de cadavres ennemis sur le terrain.

Grâce à la résistance acharnée des Belges et à l’ouverture des écluses de la mer du Nord, inondant la région, les Allemands sont stoppés sur l’Yser.

Sources :
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