Les messes sont célébrées à la chapelle comme le dimanche précédent.

À 11h30, une vive alerte secoue la ville : un mouvement précipité de troupes se met en place alors que le canon tonne avec une rare intensité, sans interruption, en direction de Messines-Hollebeke-Zandvoorde.

La ville se vide presque entièrement de ses soldats.

Le carnaval est bien triste cette année.

Un concert a tout de même lieu.

Le sous-lieutenant français Petit rentre du front après un mois passé dans l’enfer des tranchées, du côté de Broodseinde. Malade et épuisé, il décrit l’horreur des conditions de combat : la pluie, le vent, l’eau glacée jusqu’aux chevilles, et les balles sifflant sans répit. Après un calvaire pour atteindre les premières lignes à 3h30 du matin, il trouve refuge dans une masure de fortune où il s’allonge sur un matelas de paille et de terre, simplement heureux d’avoir un toit au-dessus de la tête. Il y passera deux semaines terribles.

À Elverdinghe, le Conseil de guerre français condamne deux soldats à être fusillés : l’un pour abandon de poste, l’autre pour s’être mutilé l’index¹ afin d’échapper au combat. Un habitant du village parvient jusqu’à leur cellule pour leur apporter un dernier réconfort. L’aumônier qui les accompagne témoigne de leur détresse : le premier, un paisible père de famille breton, s’était simplement mis à l’abri sans penser à déserter, et le second, un jeune homme terrorisé par l’horreur du front, avait cédé à la panique. Exécutés à l’aube, ils sont inhumés au cimetière français, dans le parc du château.

Sources :

Référence :

• Tome 12 – SHCWR
• Ieper 1915

Auteur :

• Vanherpe Yvan
• Dumortier Henry

Lieu :

• Ypres / Saint Jean

1. Un index mutilé empêche de pouvoir actionner la gâchette d’un fusil !… ↩︎