Calendrier de travail

Mardi 2 février 1915

Ambulance enterrée Les combats semblent particulièrement violents, bien que concentrés davantage vers Armentières, où l’on entend des tirs nourris. Le pain s’améliore grâce à l’apport de farines allemandes acheminées depuis Courtrai. À l’ambulance enterrée, les travaux d’extension se poursuivent vers d’autres caves, offrant un peu plus d’espace et de répit aux blessés et au personnel médical. Les militaires anglais s’étonnent du retour rapide des civils après les bombardements. Les fermiers reprennent leur labeur sans se soucier des obus qui continuent à tomber sporadiquement. Près de Zonnebeke, les Français repoussent une attaque allemande à la mitrailleuse, laissant environ 300 ennemis pris…

Mercredi 3 février 1915

Le cinéma de Comines-France brûle Depuis quelques jours, le temps clair par intermittence permet aux aéroplanes de se montrer. Le canon tonne principalement depuis la ligne Pérenchies-Wytschaete. Le 17e régiment est de retour et reprend ses exercices dans la cour de la brasserie Dumortier. Vers 21 h, le tocsin retentit : un incendie s’est déclaré au cinéma de Comines-France, qui était en fonctionnement pour les soldats allemands. Incendie du patronnage au Bas-Chemin à Comines-France en 1915. Usage par les soldats allemands du matériel pompiers de Comines-France. – Fonds SHCWR Les troupes anglaises, arrivant en grand nombre, doivent installer de nouveaux…

Jeudi 4 février 1915

Duel de grenades. Voici quatre mois que, pour la première fois, nous avons vu arriver des soldats ; que le temps semble long ! Pourtant, comme en bien d’autres choses, on finit par s’habituer à l’occupation, d’autant plus que l’on est désormais laissé relativement tranquille. Où est le temps des tranchées, des incursions nocturnes et des vols constants ? Le soldat nous inspirait alors de la crainte ; aujourd’hui, à la moindre incartade, on se plaint directement aux officiers. Warneton reçoit presque chaque jour des obus ; bientôt, il ne restera plus rien de la ville. Quelle tristesse de voir…

Vendredi 5 février 1915

Louis III, roi de Bavière à Comines Le temps est printanier. Partout, les drapeaux flottent et les musiques résonnent dès les premières heures du jour. Le roi Louis III de Bavière est à Comines-France. Toute la journée, des parades militaires se succèdent. Il rend visite au 6e régiment bavarois. Georg Cohn, parmi les ambulanciers, participe au défilé. Faute de temps pour nettoyer les uniformes, certains soldats défilent boueux et en tenue de tranchées. En colonne de marche, ils parcourent une grand-route formant un fer à cheval, envahie à perte de vue par des troupes bien alignées. Un avion anglais surveille…

Samedi 6 février 1915

Soirée genièvre puis visite au Casino On n’entend plus rien, ni canon, ni fusillade. L’église de Comines-France a subi peu de dégâts. Photo allemande – Eglise de Comines France – Fonds SHCWR À Comines, la population vit une existence « empruntée ». Chacun cache sa rancune sous un masque de politesse et d’amabilité feinte envers l’occupant. À Comines-Belgique, les magasins rouvrent en nombre croissant. On y trouve de tout : des poignards bavarois chez Vuylsteke, des cartes allemandes chez Denys, des vues de l’armée belge chez Devroedt. Mais un fléau grandit : la débauche. Dans certains commerces, amabilités forcées et tenues suggestives…

Dimanche 7 février 1915

23 mètres, ce n’est pas énorme . Comme les jours précédents, fusillades et tirs en direction de Warneton, qui a dû être évacuée hier par les civils ; les obus continuent de s’abattre sur la ville. Le mouvement semble se rapprocher de nous, mais nous espérons toujours ne pas être touchés. C’est aujourd’hui la fête de Saint-Chrysole. Les communions et messes se déroulent comme chaque dimanche, avec une solennité légèrement renforcée. On nous annonce qu’à l’avenir, deux messes seront célébrées le dimanche pour les enfants, suivies du catéchisme. À Comines-France, la chasse de Saint-Chrysole est exposée, mais elle est retirée…

Lundi 8 février 1915

A Ypres l’hôpital se vide La fusillade continue de résonner en direction de Warneton et d’Armentières. Certains boulangers n’améliorent toujours pas la qualité de leur pain, préférant utiliser leur farine américaine pour confectionner des gâteaux destinés aux soldats. Le garde, qui avait interdit aux cabaretiers de vendre de l’alcool, s’est reconverti en marchand de liqueurs avec la complicité de l’aide-éclusier. Le commissaire vend à son propre profit les fumiers de la ville. Depuis hier, il est possible de se rendre à Wervicq sans passeport. De nombreuses personnes en profitent pour circuler, après plus de quatre mois d’immobilité, faute d’autorisation de…

Mardi 9 février 1915

Saint Omer un hôpital de fortune Le temps est aujourd’hui épouvantable, si bien qu’aucun concert n’a lieu. La fusillade continue de se faire fortement entendre la nuit, particulièrement vers Quesnoy-Warneton, tandis que la canonnade demeure intermittente durant la journée. Sur la ligne Hollebeke-Zandvoorde-Cruyseecke, le silence règne depuis une quinzaine de jours. Est-ce la réalité ou seulement une rumeur parmi tant d’autres ? Il semblerait que les obus s’abattent en grand nombre sur Warneton et Quesnoy, au point que cette dernière ville ait dû être évacuée. Les blessés et malades en provenance d’Ypres sont désormais pris en charge à Saint-Omer, dans…

Mercredi 10 février 1915

Le Polygone. Les derniers habitants de Warneton évacuant vers Comines arrivent avec l’aide des soldats, qui parviennent parfois à transporter quelques meubles. Mais ils restent une infime minorité : la plupart doivent tout abandonner sur place. L’inquiétude grandit chaque jour face au danger imminent. Que va-t-on devenir ? À la grâce de Dieu ! Soldats allemands devant des ruines de Warneton – Fonds SHCWR L’école de Cavalerie installée à Ypres, connue sous le nom de Polygone, est devenue un point stratégique fortifié par l’armée anglaise. Malgré les assauts répétés des Allemands, ceux-ci échouent à s’en emparer. Un soldat allemand confiait…

Jeudi 11 février 1915

Des dizaines de victimes à Ypres On entend peu le canon aujourd’hui. Hier soir, vers 20h, une alerte a retenti : le clairon a sonné, et tous les hommes sont partis en marche. Pourtant, ils sont revenus peu après, sans incident notable. Hier, Ten-Brielen a été durement touché par les obus, principalement l’église et l’école. Du côté de Warneton, les dégâts sont également importants. Ruines à Ten Brielen – Fonds SHCWR À Quesnoy, mardi dernier, quatorze obus sont tombés sur la ville, causant la mort de trente personnes. Quelques jeunes gens ayant oublié de se présenter à la mairie de…

Vendredi 12 février 1915

Rations de pain en baisse Un peu de fusillade durant la nuit, mais aucun tir de canon. Après six jours sous le feu, les soldats du 17e reviennent passer l’après-midi dans la cour de la brasserie Dumortier, visiblement éprouvés par les combats. À Comines France, les autorités annoncent une nouvelle baisse des rations de pain : désormais, chaque personne devra se contenter de 200 grammes par jour. Témoignage du capitaine Jourdain du 1st Suffolk : »Nous prenons nos positions à l’est d’Ypres en remplacement des Français. Autour de nous, des dizaines de cadavres s’entassent, certains servant même de rempart aux tranchées.…

Samedi 13 février 1915

Enterrement des victimes des bombardements à Ypres Dans la journée, le canon tonne avec intensité, laissant présager un combat d’artillerie en cours. Le temps reste pluvieux, et la Lys déborde une fois de plus, compliquant les déplacements et aggravant les conditions de vie. En soirée, un concert et une parade sont organisés à 21h30, offrant un bref répit à ceux qui peuvent y assister. À Ypres, une foule nombreuse assiste aux funérailles des victimes des bombardements, un triste rituel devenu trop fréquent. Pendant ce temps, en France, le soldat Lucien Bersot est condamné à mort et exécuté pour refus d’obéissance,…

Dimanche 14 février 1915

Récit d’un sous lieutenant français Les messes sont célébrées à la chapelle comme le dimanche précédent. À 11h30, une vive alerte secoue la ville : un mouvement précipité de troupes se met en place alors que le canon tonne avec une rare intensité, sans interruption, en direction de Messines-Hollebeke-Zandvoorde. La ville se vide presque entièrement de ses soldats. Le carnaval est bien triste cette année. Un concert a tout de même lieu. Le sous-lieutenant français Petit rentre du front après un mois passé dans l’enfer des tranchées, du côté de Broodseinde. Malade et épuisé, il décrit l’horreur des conditions de…

Lundi 15 février 1915

Ypres bombardée. La pluie tombe sans discontinuer, ajoutant à la misère ambiante. Six soldats anglais blessés arrivent à Comines. Cantonnés à Voormezele, ils ont combattu à la baïonnette à Saint-Éloi, où les troupes françaises ont cédé leur position aux Britanniques. À Ypres, les bombardements se poursuivent avec une intensité effrayante, atteignant près de dix obus par minute depuis un long moment. Face à l’insalubrité de l’eau, les habitants sont contraints d’utiliser de l’eau désinfectée, distribuée dans de grands bidons. Chaque jour, 65 000 litres sont ainsi mis à disposition. Le champion de natation lillois André Caby, détenteur de plusieurs records…

Mardi 16 février 1915

La peur de périr au fort de Bondues La nuit dernière a été marquée par une fusillade et une canonnade terribles, qui se sont progressivement apaisées au matin, jusqu’à cesser complètement dans l’après-midi. Le temps magnifique incite à sortir. Partout, on ne croise que des soldats : à pied, à cheval, à vélo, en voiture. Certains s’entraînent dans les champs, où ont également lieu des distributions de matériel. Des cavaliers galopent à travers les plaines tandis que de nombreux aéroplanes survolent la zone. On tire sur certains, tandis que d’autres, allemands, reviennent de missions de reconnaissance en volant plus bas.…

Mercredi 17 février 1915

La population cominoise doit être aidée La nuit dernière a été particulièrement calme, sans fusillade ni canonnade. Cependant, dans la matinée, un nouveau combat d’artillerie s’est engagé dans la direction de Warneton et Hollebeke, s’intensifiant progressivement jusqu’à devenir très violent dans l’après-midi. Les derniers habitants de Warneton sont encouragés à quitter la ville. Beaucoup se dirigent vers Comines, transportant leurs maigres possessions sur des chariots réquisitionnés par les Allemands. Dans cette situation précaire, aucune usine ne fonctionne, privant la population de tout revenu. Pour survivre, certains lavent le linge des soldats contre quelques sous. La ville de Comines France organise…

Jeudi 18 février 1915

Des soldats amènent du mobilier Nuit relativement calme, marquée par quelques fusillades. La canonnade reste intermittente au cours de la journée. L’animation en ville est réduite, car de nombreux soldats sont toujours au front. Cependant, dans la soirée, des renforts arrivent, redonnant un semblant de mouvement aux rues désertes. Madame Desmedt, revenue de Courtrai, obtient vers 17 heures un passeport lui permettant, accompagnée d’un soldat, d’aller récupérer ses biens cachés. Elle retrouve son propre magot, mais celui de ses parents demeure introuvable1. Pendant ce temps, des soldats transportent du mobilier, certains des plus beaux meubles étant envoyés à Quesnoy-sur-Deûle. Le…

Vendredi 19 février 1915

Communiqué du Maréchal French La journée se déroule dans un calme relatif, la fusillade ne se faisant entendre que la nuit. Le curé de Warneton, venu de Mouscron, s’affaire à recenser les réfugiés de sa paroisse. Ces derniers reçoivent des secours en vêtements, livrés par chariot depuis Courtrai sous l’égide du Consulat d’Amérique. À Comines, les boulangers bénéficient d’un approvisionnement régulier en farines américaines, livrées deux fois par semaine. Cependant, la qualité du pain varie d’un artisan à l’autre : certains habitants, insatisfaits, font modifier leur carte de rationnement pour se fournir chez un autre boulanger, où le pain est…

Samedi 20 février 1915

Violentes attaques allemandes près d’Ypres La pluie continue de tomber, enveloppant la ville dans une atmosphère de calme trompeur. À minuit, une fanfare accompagnée de soldats parcourt les rues, donnant l’étrange impression d’être loin du fracas de la guerre. Pourtant, au loin, la canonnade gronde du côté de Frelinghien. À Ypres, les soldats anglais en repos sont rappelés précipitamment vers les tranchées. Une percée allemande est redoutée, mais l’artillerie française parvient à briser l’élan ennemi, évitant un assaut majeur. Pendant ce temps, à Paris, paraît le premier numéro de L’Anti-Boche illustré, un nouvel hebdomadaire patriotique dirigé par Henri Dauvin et…

Dimanche 21 février 1915

Les prémices de la guerre des mines La ville est animée en cette journée dominicale, avec une foule de soldats présents. Les messes se tiennent à la chapelle comme d’ordinaire. Pendant ce temps, les autorités procèdent à des réquisitions : coton, cuivre et même instruments de musique sont saisis. À l’aube, à 6 heures du matin, plusieurs mines allemandes explosent entre la Lys et Ypres, détruisant une tranchée anglaise. Parmi elles, celle du Bon Coin, au Touquet, est sans doute l’une des premières explosions de ce type dans la région. Plus à l’est, la 2nd Division de Cavalerie britannique est…

Lundi 22 février 1915

Comines reçoit de plus en plus de soldats allemands La nuit a été calme, mais dès 9 heures du matin, une canonnade nourrie se fait entendre du côté de Gheluvelt. Depuis plusieurs jours, de nouveaux contingents allemands affluent à Comines. Ces troupes fraîches, directement venues d’Allemagne, sont entassées par centaines dans les usines abandonnées. Chaque bâtiment peut en abriter jusqu’à 600. Parallèlement, des opérations de récupération de ferrailles sont menées dans ces mêmes usines. Soldats allemands à Wervik – Fonds SHCWR À Wervicq, les cloches sonnent et les clairons résonnent en ville pour célébrer une victoire allemande sur le front…

Mardi 23 février 1915

La croix de fer Le froid est glacial, rendant la vie encore plus difficile pour les habitants et les soldats. La journée est relativement calme, seule une canonnade intermittente se fait entendre au loin. Face à la précarité croissante, la Ville décide d’intensifier son aide aux sans-travail. En plus des secours déjà en place, une allocation hebdomadaire de 2 francs par personne sera désormais distribuée, représentant une dépense municipale de 5.000 francs par semaine. Par ailleurs, les secours en vêtements envoyés depuis Courtrai incluent une part destinée aux habitants de Comines. Dans l’armée allemande, l’aumônier Suzann reçoit la Croix de…

Mercredi 24 février 1915

Difficile de rejoindre la piste d’atterrissage. Dans l’après-midi, le 17e régiment allemand, tout juste revenu du front, est passé en revue en tenue de guerre par des officiers supérieurs. Pour marquer cette occasion, un concert est également organisé, offrant un rare moment de distraction aux soldats éprouvés par les combats. Un aéroplane anglais, en mission de reconnaissance au-dessus des lignes ennemies, rencontre de sérieuses difficultés pour regagner sa base en raison des vents contraires. Pris sous le feu allemand, il ne doit son salut qu’à l’intervention de la Royal Artillery, qui réduit l’intensité des tirs ennemis, lui permettant d’atterrir en…

Jeudi 25 février 1915

Neige sur Comines La journée débute sous la neige à Comines. La nuit a été particulièrement agitée, marquée par une canonnade intense et des échanges de tirs nourris. Les détonations des canons résonnent tout au long de la journée. Les autorités allemandes poursuivent la réquisition du cuivre et des marchandises dans les usines locales, notamment chez M. Schoutteten à Comines France. Le matin et le soir, des soldats allemands traversent les rues de la ville en rang, musique en tête, renforçant l’atmosphère pesante d’occupation. Une grande revue militaire se tient dans la cour de la brasserie Dumortier, bondée de soldats…

Vendredi 26 février 1915

Moment de détente à Ypres La nuit est marquée par une canonnade et une fusillade intenses, qui ne semblent connaître aucun répit. Au lever du jour, les tirs d’artillerie se poursuivent avec une grande intensité, avant de faiblir progressivement. L’après-midi se déroule dans un calme relatif, et à la nuit tombée, un silence complet règne enfin sur la région. Pendant ce temps, les soldats du 17e régiment sont toujours en première ligne, exposés aux combats. À Ypres, l’ambiance est toute autre : les soldats anglais du R/B Hussars et du C-Eskadron, en repos, font une découverte inattendue. En fouillant un…

Samedi 27 février 1915

Espionnite tragi comique à Ypres Le froid est toujours bien présent, mais le temps clair permet aux aviateurs d’être plus actifs et visibles dans le ciel. Vers 11 heures, une fusillade intense éclate du côté de Warneton. Elle dure près d’une heure et demie, avant que les canons ne prennent le relais, poursuivant leur assaut tout au long de l’après-midi. À Ypres, la tension monte lorsqu’un soldat est posté en garde armée devant une maison de la rue Sainte-Élisabeth. Une rumeur circule rapidement : un individu sur le toit enverrait des signaux aux Allemands. La peur d’un espion pousse les…

Dimanche 28 février 1915

Georg Cohn quitte Comines définitivement Le temps reste clair, favorisant les déplacements des aéroplanes. Durant la nuit, une fusillade éclate du côté de Warneton, où la population civile a pratiquement disparu : trois familles seulement y résident encore, les autres habitations étant occupées par les soldats, qui se terrent dans les caves pour éviter les bombardements. Ruines Warneton – Fonds SHCWR Dans la journée, un ballon traverse le ciel, tandis qu’à Wervicq, un aéroplane anglais est contraint d’atterrir en catastrophe suite à une panne de moteur. Les trois aviateurs sont immédiatement faits prisonniers par les Allemands. À Comines, la guerre…

Lundi 1 mars 1915

Un aéroplane allié abattu Les nuit restent agitées par des fusillades intenses, tantôt du côté de Warneton, tantôt vers Zandvoorde. Pendant la journée, des chargements entiers de coton, cuivre et tabac sont acheminés par la rue Neuve en direction de la gare, confirmant les réquisitions massives imposées par l’occupant. Une petite amélioration du quotidien : le pain s’améliore, étant désormais demi-blanc, un changement apprécié après des semaines de qualité médiocre. Dans le ciel, un aéroplane anglais est abattu par l’artillerie allemande près de Wervicq. Ses deux aviateurs, tous deux officiers, sont immédiatement capturés. Témoignage poignant du front photograph (Q 49353)…

Mardi 2 mars 1915

La guerre de position est entrée dans le vif du sujet Comme chaque nuit, les tirs d’artillerie et de fusils résonnent avec force, rendant le sommeil difficile. À Warneton, les dernières familles civiles encore présentes reçoivent l’ordre formel d’évacuer sous huit jours. L’isolement est total : aucune nouvelle du dehors, aucun journal, une vie où l’attente et l’incertitude pèsent sur tous. Vue aérienne de Warneton – Fonds SHCWR Les conditions météorologiques des premiers mois de 1915 continuent d’être un ennemi redoutable pour les combattants. Entre neige, gel, vent glacial et pluie glacée, les souffrances sont extrêmes. De nombreux soldats sont…

Mercredi 3 mars 1915

Attention aux « Snipers » Le découragement gagne les esprits. Cinq mois se sont écoulés et rien ne change : toujours cette proximité avec la ligne de feu, toujours cette misère croissante qui, une fois la guerre finie, laissera place à une détresse encore plus grande. Au Café de la Paix, transformé en dispensaire, trois soldats anglais blessés reçoivent des soins. L’un d’eux, plus gravement touché, subira l’amputation de son bras droit. Un drame parmi tant d’autres dans cette guerre qui n’en finit pas. Café de la Paix. NDLR : Cette photo date de 1917 lors de l’évacuation de Comines-France . Nous…

Jeudi 4 mars 1915

Mort pour la Belgique. Chaque matin et chaque soir, les soldats défilent, musique en tête, à travers les rues. Tous les deux jours, un concert est organisé, offrant un bref moment d’évasion dans un quotidien de plus en plus pesant. Un recensement de la population est en cours en vue d’une campagne de vaccination contre le typhus, maladie qui continue de faire des ravages. pocket surgical kit (SUR 553) Pocket surgical kit of Major-General Patrick Henderson DSO. He carried it with him on the Western Front, in Salonika and in Russia during his service with the RAMC in the First…

Vendredi 5 mars 1915

Blocus de l’Allemagne Toute la nuit, le canon a tonné sans relâche, accompagné d’une fusillade nourrie en direction de Gheluvelt. La canonnade se poursuit avec intensité tout au long de la journée. Près d’Ypres, à une heure du matin, une mine française est déclenchée. Surpris par la détonation, le premier détachement de cavalerie allemande se rend immédiatement et est conduit sous escorte vers Ypres. Dans la commune de Wommersom, en Brabant, le Zeppelin LZ.33 de la Marine allemande s’écrase, ne laissant aucun survivant parmi les 21 membres d’équipage. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51596) Rations…

Samedi 6 mars 1915

Bonnes nouvelles du front. La nuit fut plus calme que les précédentes, et la journée s’est déroulée sans grande agitation. À Comines, une rumeur circule : les Anglais auraient pris Messines, Wijtschaete et Saint-Éloi. À Lille, une colonne de 400 prisonniers français est conduite à travers les rues, sous le regard des habitants. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51595) Hon. St G. Wood, Quartermaster of 1st Battalion, Cameronians (Scottish Rifles), (right) outside Quartermaster’s stores, 5th March 1915. Note rum jar. Bois Grenier Sector. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205285262 Dans l’armée britannique, la distribution d’alcool…

Dimanche 7 mars 1915

Le typhus fait des ravages Les messes se déroulent comme les autres dimanches. La journée est très calme. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61616) Bricks surrounding the damaged Cathedral at Ypres, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309028 À Ypres et dans toute la région, le typhus continue de faire des ravages. Les défunts sont enterrés dans une solitude terrible, leurs familles ayant déjà fui la région. La famille Breyne, évacuée de Wervicq, demande l’hospitalisation de deux enfants atteints. Ce matin, les « pleureuses » sont venues chercher les corps de deux blessés ainsi…

Lundi 8 mars 1915

A Comines les régiments se croisent Canonnade le jour, fusillade la nuit. Aujourd’hui marque la date limite fixée pour l’évacuation des derniers habitants de Warneton. Quelques-uns sont restés jusqu’au dernier moment. Les concerts se font plus rares ces derniers jours, mais la nuit dernière encore, un défilé a eu lieu, musique en tête. C’est également à cette date que le Kgl. bay. R.I.R. n° 8 signale son départ de Comines. Les Bavarois de la 6e Division ont quitté la ville. À Dixmude, une violente attaque allemande frappe les positions belges. Le vicaire de Dikkebusch profite d’un déplacement pour observer la…

Mardi 9 mars 1915

Baraquements en construction Rien de nouveau à signaler : la même ritournelle se répète inlassablement, avec la canonnade durant la journée et la fusillade qui résonne la nuit. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61654) A German shell bursting near the lock gates north of Lille Road at Ypres with Ypres Comines Canal in foreground, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309053 À Comines, côté français, l’arrivée de nouvelles troupes allemandes est attendue. Après le départ des Bavarois, il semble que les renforts seront encore plus nombreux, comme en témoignent la construction de nouveaux baraquements.…

Mercredi 10 mars 1915

L’évacuation d’Ypres se poursuit. Canonnade le jour, fusillade la nuit. À Comines, une nouvelle directive interdit désormais aux officiers allemands de partager leurs repas avec les civils. À Ypres, c’est au tour de l’orphelinat d’être évacué. Le clergé s’efforce de trouver une solution et établit un contact avec les autorités de Saint-Omer, qui promettent un accueil bienveillant aux enfants. Un immense soulagement pour tous. En France, la bataille de Neuve-Chapelle débute. Les forces britanniques lancent une offensive contre les positions allemandes, marquant l’une de leurs premières grandes attaques sur le front occidental. Malgré l’ampleur de l’assaut, la percée espérée ne…

Jeudi 11 mars 1915

La ville semble presque vide. La canonnade reprend de plus belle. La ville semble presque vide, les troupes y sont peu nombreuses en ce moment. Jusqu’à quand faudra-t-il endurer ces privations ? Le prix du pain risque encore d’augmenter, et la ration quotidienne serait désormais limitée à 300 grammes par personne. Les pommes de terre se font rares. Comment survivre dans de telles conditions ? À Comines, l’ambulance est déplacée vers la rubanerie Ducarin. À Ypres, la Grand-Place accueille une revue et un défilé de troupes françaises. Des décorations sont remises dans un rare moment d’accalmie, épargné par les bombardements.…

Vendredi 12 mars 1915

Combats à Saint-Eloi Un nouveau combat semble inévitable. Warneton continue de souffrir sous les obus anglais, qui ont encore une fois partiellement détruit la ville ces derniers jours. Le soir, une alerte est donnée ; on entend le canon, probablement vers Warneton. À Saint-Eloi, des actions locales particulièrement violentes se déroulent. Ce site stratégique reste un enjeu majeur dans les affrontements. La Reine Elisabeth de Belgique effectue une visite à Ypres, marquant un instant de dignité dans cette époque sombre. La Reine Elisabeth de Belgique 1915 – Domaine public À partir de ce jour, nous suivrons le soldat allemand Georg…

Samedi 13 mars 1915

La lessive pour les soldats allemands Sur la ligne Warneton-Zandvoorde, le canon et la fusillade ont repris de plus belle. Une nouvelle alerte retentit dans la journée. On visite des chambres en vue de les attribuer à d’autres officiers, le colonel du 18e ne revenant pas, mais finalement, aucune décision n’est prise. Georg Lill s’installe dans une petite maison où survit une famille de réfugiés chassés de Warneton par la guerre. Leur seul moyen de subsistance repose sur la lessive qu’ils font pour les soldats allemands, une maigre ressource pour nourrir quatre enfants. Soldats allemands cantonnés à la firme Berghe,…

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