Calendrier de travail

Lundi 14 décembre 1914

Bombardements très violents sur Messines Les nuits restent marquées par les fusillades, mais les journées précédentes sont relativement calmes. Cependant, ce matin-là, vers 7 h, le canon commence à gronder intensément et sans relâche du côté de Frelinghien et de Beselaere. La ville reste calme, les soldats sont presque tous mobilisés sur le front. Les combats font rage toute la journée, et le soir, les fusillades reprennent violemment dans les mêmes directions. Durant la nuit, les tirs de canon semblent parfois ininterrompus, évoquant une faux qui ne cesse de travailler. Messines subit des bombardements extrêmement violents. THE FIRST BATTLE OF…

Mardi 15 décembre 1914

Prise du « Petit bois » Les combats s’intensifient, laissant craindre qu’un événement important soit imminent. À Comines Belgique, une épidémie de typhus pousse la population à laver les rues quotidiennement pour éviter sa propagation. L’après-midi, malgré le faible nombre de soldats présents en ville, des concerts animent les rues. À Comines France, un ciel rougeoyant et les bruits incessants du canon se font entendre au loin depuis deux jours. Le grondement des canons continue, mais il s’est déplacé. Alors qu’il s’éteint vers Frelinghien, il retentit désormais en direction de Wytschaete et Beselaere. Ruines à Wytschaete – Fonds SHCWR Les Anglais prennent…

Mercredi 16 décembre 1914

Obus inoffensifs La bataille semble devoir se prolonger, car la journée reste aussi intense que les précédentes. Dans l’après-midi, Madame Desmedt et deux autres dames de Warneton tentent de se rendre dans leur ville, mais leur passeport est refusé en raison du danger élevé. Elles trouvent refuge à la Brasserie Dumortier et prévoient de retourner à Courtrai le lendemain. Des obus tombent sur Ypres, mais contre toute attente, ils n’explosent pas. Il s’agirait de munitions saisies par les Allemands aux Alliés à Maubeuge. Plus de peur que de mal. Pendant ce temps, la marine allemande bombarde les villes côtières britanniques…

Jeudi 17 décembre 1914

Calme relatif sur le front La bataille continue avec intensité. Depuis plusieurs jours, le temps est doux, parfois même agréable. Ce matin surtout, le soleil brille. Ce beau temps incite les avions à sortir. Un avion français passe plusieurs fois au-dessus de nous et reste plus d’une heure dans les environs. Les canons et mitrailleuses, postés sur la grand’place et au Rond-Point, tirent sur lui avec un vacarme assourdissant. Des balles tombent dans la cour et sur le toit de la brasserie Dumortier, et personne n’ose bouger. FRENCH AIRCRAFT OF THE FIRST WORLD WAR 1914 – 1918 (Q 67465) Maurice…

Vendredi 18 décembre 1914

Des infirmiers belges Le temps est devenu épouvantable, avec une tempête, de la pluie et un vent très fort. Quel temps pour ceux qui se trouvent dans les tranchées ! Ce matin, la fusillade s’éloigne un peu. Le canon, qui commence plus tard, semble aussi plus lointain. Mais au fil de la journée, tout se rapproche à nouveau, et la fusillade se fait entendre très clairement. La ferme « La Bussche » est incendiée, ainsi que d’autres habitations aux alentours. Le couvent est en émoi. On fait appel aux infirmiers belges, qui sont enfermés sous bonne garde. En même temps,…

Samedi 19 décembre 1914

Et encore des concerts Le combat reste intense, mais malgré cela, les Allemands jouent des concerts dans la rue à Comines. Pendant la journée, le bruit du canon diminue, et les affrontements semblent s’éloigner. Maurice Laurentin, officier au 77e d’infanterie français, explique dans ses écrits les défis auxquels il fait face. On lui ordonne de faire avancer ses hommes pour prendre les tranchées allemandes situées en face. Cependant, la réalité du terrain rend cette tâche irréalisable. Les généraux, bien à l’abri dans leurs bureaux, imaginent des plans idéaux : l’artillerie dévaste les lignes ennemies, le génie détruit les obstacles, et…

Dimanche 20 décembre 1914

Kemmel demeure un objectif allemand Ce dimanche ressemble aux précédents : les messes ont lieu chez les Sœurs, et nous avons la possibilité d’y assister. Les farines atteignent des prix exorbitants, jusqu’à 50 francs. La ville de Comines risque de manquer de pain, apparemment à cause des boulangers qui en vendent aux soldats, bien qu’ils n’y soient pas obligés. L’après-midi est marqué par un concert. La canonnade s’arrête complètement vers midi, et hormis le passage de quelques avions, le reste de la journée reste très calme. Partout, les soldats se préparent pour Noël. Pendant ce temps, la Neue Freie Presse…

Lundi 21 décembre 1914

La marine anglaise entre en action Le froid s’installe, annonçant la neige pour Noël. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51558) Soldiers of A Company, 1st Battalion, Cameronians (Scottish Rifles) in the trenches at Houplines during December 1914. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205024547 La nuit, la fusillade reste audible, mais le jour, le canon se fait presque silencieux. Depuis Comines France, on observe les éclats des obus en direction de Ten Brielen et Zandvoorde. Les Allemands continuent d’organiser des concerts, malgré tout. À Ypres, l’hôpital du Sacré-Cœur subit un bombardement intense. On déplore une dizaine…

Mardi 22 décembre 1914

Soutien belge venu de derrière l’Yser La situation se calme progressivement. Un recensement de la population est organisé pour rationner le pain, qui devient de plus en plus médiocre, fait de seigle et de froment. Nous recevons parfois du pain provenant des soldats. Les concerts continuent, imperturbables. Louis Mahieu est arrêté et emprisonné, accusé d’avoir arraché une affiche. Un groupe de 300 hommes est envoyé derrière le front, près de Dickebusch, pour prêter main-forte. Ils nettoient à fond les bâtiments encore debout, y compris l’église, qui sert d’abri aux troupes anglaises et françaises en transit. Les inondations de l’Yser offrent…

Mercredi 23 décembre 1914

La vie des civils se poursuit, souvent dans l’horreur Il neige et le froid s’installe. À Comines, les préparatifs pour Noël battent leur plein. Des cadeaux sont envoyés aux soldats, et des arbres de Noël illuminent toute la ville. La journée est étrangement calme : aucun tir de canon ni coup de fusil ne se fait entendre. Les soldats célèbrent Noël avant de repartir au front. Les officiers organisent un dîner festif, accompagné d’un concert, qui se prolonge une bonne partie de la nuit. Un major décrit son repas : filet de bœuf, vin chaud et liqueurs, autour d’un arbre…

Jeudi 24 décembre 1914

Veille de noël À Comines, le calme règne. Aucun bruit de canon ni de fusillade, seulement un silence inhabituel. Les soldats poursuivent les festivités de Noël, et un major distribue friandises et pain d’épices à des enfants. Cependant, le concert habituel n’a pas lieu. Avec l’intense mouvement des soldats, on peine à croire qu’une guerre se déroule. Certains aumôniers célèbrent la première messe de Noël dès 18 h, selon les directives du Dr Foohs. Le Père Schlug, franciscain, s’y oppose fermement, refusant de déroger à la tradition. La soirée est calme. Les officiers dînent à l’extérieur, accompagnés de leur cuisinier.…

Vendredi 25 décembre 1914

Grand tra-la-la chez les Allemands Le matin, dès 4 h, on entend encore quelques coups de feu et de canon, bien que le front reste calme. Noël s’annonce tristement sous un froid glacial, et la neige ne saurait tarder. Les célébrations de Noël battent leur plein du côté allemand, mais leur ambiance extérieure prête souvent à sourire. Les catholiques allemands semblent s’inspirer des protestants, ce qui contraste avec la solennité des cérémonies françaises. En dehors de l’église, les festivités virent parfois à de véritables excès, tant chez les officiers que chez les soldats. Le soir, les infirmiers belges sont brutalement…

Samedi 26 décembre 1914

Il faut un passeport pour dépasser le chemin de fer La neige recouvre toujours Comines, et un froid mordant s’installe, rendant l’atmosphère encore plus oppressante. Après une période de calme relatif, les obus recommencent à s’abattre. Dès le matin, le bruit sourd du canon emplit l’air, s’intensifiant au fil de la journée. Dans l’après-midi, une vingtaine d’obus tombent sur la ville, frappant des cibles variées : les gares de France et de Belgique, l’usine HF et la rue de la Procession. On murmure que ces tirs proviendraient du fort de Prémesque. Vers 16 h, des explosions détruisent deux estaminets bien…

Dimanche 27 décembre 1914

Mon beau cigare Il pleut presque toute la journée, une pluie froide mêlée de neige. Le concert, suspendu les jours précédents, reprend aujourd’hui, malgré le canon qui tonne violemment au nord et à l’ouest. Une messe se tient à la chapelle. Les obus de la veille causent de gros dégâts. À « L’Espérance », un obus traverse toute la maison avant d’exploser dans la cave, détruisant une tonne de bière. De nombreux soldats et civils viennent à la brasserie Dumortier pour chercher des fûts de bière, formant une véritable procession. Louis Mahieu n’est pas emprisonné, mais rencontre des difficultés pour…

Lundi 28 décembre 1914

C’est lugubre Les fusillades et les tirs de canon reprennent, signalant un nouveau combat en cours. Aujourd’hui, un concert est organisé. Obtenir un passeport devient très difficile. Certains en ont abusé, et il n’en sera plus délivré à Comines-Belgique avant le 3 janvier. Depuis dix jours, un laisser-passer est nécessaire pour franchir les barrières du chemin de fer. Le curé Jean-Baptiste Delporte, muni de son passeport, rend visite aux malades et baptise à domicile les enfants trop fragiles pour être emmenés à la chapelle. Les soldats qu’il croise le saluent sans jamais lui demander ses papiers. La campagne est triste…

Mardi 29 décembre 1914

La tour du belvédère de Kemmel est abattue Une tempête effroyable sévit pendant la nuit. Le canon tonne intensément vers Wytschaete et Cruyseecke. Selon les soldats, il ne reste plus une maison debout entre Wytschaete, Oosttaverne et Becelaere. Ruines Wytschaete – Fonds SHCWR Deux concerts ont lieu vers 15 h, l’un au coin du Sentier et l’autre au coin de la rue Neuve. Un grand mouvement de troupes anime Comines. De jeunes soldats arrivent sans cesse. Les allées et venues dans la cour de la Brasserie Dumortier sont incessantes, car c’est là que les popotes sont distribuées. Un soldat dépose…

Mercredi 30 décembre 1914

Les Sénégalais à Zillebeke Le calme revient, et le canon semble s’éloigner. La ville est pleine de soldats, et chaque jour, de nouvelles troupes arrivent. Un autre concert a lieu. En raison de quelques abus, aucun passeport n’est délivré à Comines-Belgique avant le 3 janvier. À la Kommandantur, une file de personnes attend pour obtenir un laisser-passer et pouvoir rentrer chez elles, de l’autre côté des barrières. À Zillebeke, les Sénégalais combattent avec acharnement, mais le bruit des canons les terrifie. Leur superstition veut que celui tué par une bombe ne puisse entrer au paradis. Cela provoque un repli des…

Jeudi 31 décembre 1914

L’artillerie allemande se renforce encore À Comines, des concerts militaires ont lieu comme d’habitude, mais aujourd’hui, des tirs en l’air marquent le Nouvel An. Peu habituée à ce genre de célébration, la population est saisie d’une grande frayeur. Les brasseurs s’efforcent d’obtenir un passeport pour transporter du malt depuis Saint-André, mais leurs demandes restent vaines. Les convois de farine et de charbon sont prioritaires. Ploegsteert compte actuellement 6198 habitants inscrits sur les registres de population. Le rapport du quartier général belge note que les Allemands utilisent des canons de calibres plus importants, allant jusqu’à 280, 305 et même 420 mm.…

Vendredi 1 janvier 1915

Un 1er janvier mémorable Le premier jour de l’an est triste. Personne n’ose se souhaiter une bonne année, et la journée reste très calme. La nuit, à partir de 23 h, les soldats tirent en l’air pour fêter le Nouvel An. Beaucoup de personnes, effrayées, croient à un danger et passent une partie de la nuit dans leur cave. Le matin, la chapelle accueille de nombreux fidèles pour les messes. Dans les débits de boissons, des soldats s’installent partout. L’Alumnat Notre-Dame de Grâces, redevenu ambulance anglaise après plusieurs changements d’affectation, n’échappe pas aux obus ennemis. À midi, le bâtiment est…

Samedi 2 janvier 1915

Retour de certains réfugiés. Les journées sont calmes, mais le temps reste très pluvieux et extrêmement boueux. La population commence à être rationnée pour le pain, avec une distribution limitée à une demi-livre par jour et par personne. L’accalmie relative pousse certains habitants des environs d’Ypres à revenir chez eux. Dans la ville, quelques magasins rouvrent leurs portes. Le passage constant des troupes offre une opportunité de vendre les rares produits encore disponibles. La solde importante des soldats anglais en fait des clients très recherchés. Beaucoup, avant de partir au front, dépensent généreusement, ce qui peut se comprendre. signet ring,…

Dimanche 3 janvier 1915

Messe du dimanche dans la cave. a fusillade reprend assez vive pendant la nuit, et le canon gronde à nouveau dans la journée. Les messes continuent à être célébrées à la chapelle. Comme les dimanches précédents, une procession se forme pour aller chercher de la bière à la brasserie et des liqueurs au bureau de distribution. Il n’y a plus de concert. À Ypres, malgré le froid glacial et les bombardements fréquents, les paroissiens tiennent à assister à la messe dominicale. Celle-ci se célèbre dans une petite cave transformée en chapelle, remplie à craquer. À Comines France, l’église reste fermée…

Lundi 4 janvier 1915

Les hôpitaux manquent de tout Le canon tonne avec encore plus d’intensité. L’après-midi, la cour de la brasserie Dumortier se transforme en caserne où les soldats s’exercent et où se déroulent les distributions postales. La salle de soins Saint-Chrysole accueille un sergent-major alsacien, ingénieur de métier. Il parle parfaitement français et se montre très amical avec le personnel. De temps à autre, les hôpitaux de la zone anglaise reçoivent un peu de ravitaillement. Le bouillon Bovril, très apprécié, est l’un des rares produits disponibles. En revanche, les vêtements manquent cruellement pour les blessés et les malades. Les tenues des hospitalisés…

Mardi 5 janvier 1915

L’hôtel de ville de Warneton n’est plus Un nouveau combat commence : la fusillade s’intensifie vers Wytschaete-Hollebeke, et le canon tonne toute la nuit. Le typhus se propage rapidement. Les maisons contaminées sont surveillées par des sentinelles, et l’autorité allemande envoie certains malades à Lille. Dans la cour de la brasserie Dumortier, environ 150 soldats s’entraînent avant de recevoir leur courrier et colis. L’hôtel de ville de Warneton est détruit par un bombardement. Hôtel de ville de Warneton 5 janvier 1915 – Fonds SHCWR Les officiers signalent que la région d’Oosttaverne est insalubre : les soldats pataugent dans l’eau jusqu’aux…

Mercredi 6 janvier 1915

Récit apocalyptique d’un infirmier allemand Le canon tonne toujours violemment, et de grands mouvements de troupes se succèdent. Le régiment bavarois R.I.R. n° 8 mentionne dans son historique que la fête du roi de Bavière est marquée par des offices catholique et protestant, célébrés sur la place de Comines-France. L’église, utilisée comme ambulance depuis fin octobre 1914, est indisponible. En soirée, une retraite militaire se déroule. À 18 h, un régiment passe en fanfare, tandis qu’un kiosque en bois est construit sur la grand-place. Le kronprinz Ruprecht de Bavière, fils du roi Louis III et héritier du trône, arrive à…

Jeudi 7 janvier 1915

Des cas de typhus La journée ressemble à la veille. Le cuivre est confisqué dans les usines de Comines. À 8 h du matin, le prince Rupprecht de Bavière passe ses troupes en revue sur la Grand-Place de Comines-France. Second à partir de la gauche, le prince Rupprecht de Bavière sur la place de Comines France – Fonds SHCWR La cour de la brasserie Dumortier sert de caserne : cent cinquante soldats y effectuent des exercices, reçoivent des instructions, puis, après avoir été libérés, reviennent pour les repas. Des cas de typhus apparaissent derrière le front franco-anglais. Les malades sont…

Vendredi 8 janvier 1915

L’épidémie de typhus prend de l’ampleur La pluie continue de tomber sur Comines, inondant les grands prés. Des concerts ont lieu presque tous les jours. Le typhus se propage, et la crainte d’une épidémie grandit. À Ypres, de plus en plus de malades atteints de typhus doivent être isolés, ce qui nécessite beaucoup de place. Les autorités agissent rapidement : les malades et les blessés sont évacués vers l’hôpital de Malisse, près de Saint-Omer. Dans le Caucase, lors de la première bataille d’Harantz, les forces russes et ottomanes s’affrontent, subissant des pertes importantes des deux côtés. En Artois, une offensive…

Samedi 9 janvier 1915

Faire preuve d’astuce pour se déplacer Le temps reste pluvieux, et les eaux de la Lys montent fortement. Le canon tonne, et les fusillades se poursuivent avec intensité. L’eau monte si haut que les soldats de la compagnie C des Essex doivent se maintenir au flanc des parapets au Gheer. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51569) Colonel Philip R. Robertson, commanding officer of the 1st Battalion, Cameronians (Scottish Rifles) returning from a tour of his unit’s positions in waterlogged trenches at Bois Grenier in January 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205024548 Le commandant von…

Dimanche 10 janvier 1915

Les Allemands prépareraient une grande offensive vers Calais Le combat se poursuit et s’intensifie. Les eaux montent rapidement. À Comines, les cafés prospèrent. Les Cominois jouent aux cartes tandis que les Allemands restent à l’écart, regroupés au comptoir ou autour d’une table. Le très sérieux journal anglais The Times rapporte que, compte tenu des mouvements de troupes allemandes, une ultime tentative pourrait être lancée en direction de Calais. Près de Saint-Jean, un avion Taube transportant trois officiers allemands est abattu. À Poperinghe, un train transporte des réfugiés vers l’arrière. Sources : Référence : Tome 12 – SHCWR Ypres 1915 Auteur…

Lundi 11 janvier 1915

Voyage à pied à Menin Depuis la grande inondation de 1894, les eaux n’ont jamais été aussi hautes à Comines et menacent d’envahir la ville. Le temps est malsain, et la saleté envahit tout. Le combat continue dans la même direction, avec des périodes d’intensité variable. Le curé Jean-Baptiste Delporte arrive à pied de Comines à Menin, où il rejoint le doyen Dupan vers 11 h. Ce dernier, surpris de sa visite, l’écoute exposer le motif de son déplacement. Le doyen lui fait lire une lettre destinée au commandant de Menin, expliquant qu’il ne connaît pas la lettre du cardinal…

Mardi 12 janvier 1915

Evacuations à Ypres et à Poperinghe À Comines, le pain est devenu immangeable, provoquant de nombreux maux d’estomac dans la population. Les malades du typhus, toujours actif, sont regroupés à l’hospice. Les brasseries cominoises manquent de malt, ce qui limite la production de bière. Les autorités encouragent la population à quitter les zones de combat et organisent des transports ferroviaires vers la France. Avec la propagation du typhus, les places disponibles pour les blessés militaires se font rares. Le roi Albert proteste auprès du pape Benoît XV contre le traitement infligé au cardinal Mercier. Les avions allemands tentent de mener…

Mercredi 13 janvier 1915

Organisation des évacuations Le pain est si mauvais que tout le monde tombe malade : vomissements, diarrhées. Malgré cela, les boulangers utilisent les meilleures farines pour fabriquer des biscuits destinés aux soldats, tandis que la population doit se contenter d’un pain fait avec les déchets. De nombreuses personnes tombent malades. Le typhus continue de faire des victimes, et les malades sont placés à l’hospice. Les autorités militaires anglaises et françaises ordonnent l’évacuation des populations vivant à l’ouest de la route Ypres-Bailleul, sauf dans le quartier de Hallebast. Ces mesures visent à prévenir tout espionnage de la part des civils. Les…

Jeudi 14 janvier 1915

Approvisionnements anglais Ces jours-ci, des incendies éclatent à divers endroits, principalement autour de Gheluwe. Le magasin Collie, marchand de lin aux Cinq-Chemins, est également incendié. Il s’agit d’un acte de malveillance. Presque tous les jours, un concert est joué dans la rue. L’intendance anglaise réalise des prouesses. Non seulement les militaires, mais aussi les civils bénéficient des nombreux arrivages de vivres en provenance d’Angleterre : viande en conserve, pain blanc, fromage de grande qualité en boules de 20 kg, confitures variées, thé, cigarettes parfumées en boîtes de 50, et tabac en tablettes de 100 grammes. Le whisky arrive également et…

Vendredi 15 janvier 1915

Pluies incessantes. La fusillade reste proche la nuit, et depuis trois mois, c’est la même histoire. La population s’interroge : que nous réserve l’avenir, nous qui vivons constamment dans la ligne de feu ? Il faut garder espoir. Jusqu’ici, la santé des habitants reste relativement bonne. Espérons qu’il en soit ainsi jusqu’au bout. À Comines, on entend au loin et on aperçoit les canonnades incessantes sur Kemmel, Wijtschate, Houthem, Hollebeke et Zandvoorde. Des obus tombent aussi à la Gaie Perche. À l’ambulance, 26 blessés arrivent, dont plusieurs Irlandais. La pluie continue de tomber sur l’Yser, et les terres inondées s’étendent…

Samedi 16 janvier 1915

Situation à Ypres Les soldats du 17ᵉ reviennent du front et reprennent les exercices avec fusil et baïonnette dans la cour de la brasserie Dumortier, qui reste encombrée. Ils sont environ cent cinquante. German Model 1898/05 aA S bayonet (WEA 185) German Model 1898/05 aA S bayonet Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/30000524 Avant la guerre, Ypres comptait 19 000 habitants. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 4 000 après plusieurs allers et retours. Malgré tout, 18 boulangers continuent à y travailler. L’artillerie française repousse les Allemands dans les dunes côtières à Nieuport. Sources : Référence : Tome 12 -…

Dimanche 17 janvier 1915

On n’y prête plus attention Des obus éclatent presque chaque jour sur Comines, mais la population n’y prête plus vraiment attention. Les messes se déroulent comme les autres dimanches à la chapelle. En raison du manque de places, une nouvelle organisation est mise en place : en plus des messes de 6 h 30, 7 h 30, 8 h 30 et 9 h 30, une messe supplémentaire est ajoutée à 10 h 30, portant le total à six messes. Monsieur Plovier célèbre également une messe à son couvent, rue de Wervicq, et une autre spécialement pour les enfants dans les…

Lundi 18 janvier 1915

Un évêque est nommé à Poperinghe La nuit, la fusillade reste intense, et le canon tonne par moments. Les eaux se retirent progressivement, ne recouvrant plus qu’une partie des prairies. Inondations à Bas-Warneton. L’église se trouve encore près de la Lys à ce moment là – Fond SHCWR Le mulet de la brasserie Dumortier est réquisitionné par les autorités. Le doyen de Poperinge, le père De Brouwer, devient évêque des zones non occupées de la Flandre Occidentale. Ypres continue de se repeupler, atteignant environ 8 000 habitants, mais la ville reste en grande partie en ruines. Malgré cela, la nourriture…

Mardi 19 janvier 1915

Accès réglementés pour les civils Le temps sombre empêche les aéroplanes de voler. Les eaux montent à nouveau et menacent les alentours. Les soldats du 17ᵉ repartent au front après trois jours de repos pour six jours dans les tranchées. Chaque jour, des régiments partent au combat en chantant, tandis que les rues de la Gare et de Wervicq résonnent de concerts quotidiens. Le canon gronde par intervalles, rompant le silence. Les autorités belges commencent aujourd’hui à délivrer des autorisations aux civils souhaitant se rendre à Ypres. Les Allemands lancent leurs premiers bombardements aériens sur le Royaume-Uni : des zeppelins…

Mercredi 20 janvier 1915

On évoque la fraternisation de Noël 1914 À Comines, un blessé allemand, parlant parfaitement français, évoque la fraternisation entre Français et Allemands lors de Noël 1914. Des échanges de chocolats et de cigarettes ont eu lieu. À la brasserie Dumortier, la production de bière, qui se faisait trois fois par semaine, ralentit brusquement. Si cette fréquence doit être réduite, des livraisons de malt continuent tous les deux jours, en prévision des difficultés pour se rendre à Lille. Il est devenu de plus en plus compliqué de se procurer des camions et des chevaux pour ces transports, mais l’objectif reste de…

Jeudi 21 janvier 1915

Combats violents sur l’Yser Toujours la même ritournelle : le canon tonne, la fusillade crépite, et des obus éclatent sur Comines-France. Les autorités réquisitionnent les instruments de musique en cuivre à Comines. Avec le temps clair d’aujourd’hui, de nombreux aviateurs survolent la ville. Le bruit du canon est particulièrement intense du côté de Messines et Houthem. Face au prix élevé du malt, des essais de brassin avec de la fève sont réalisés. Le résultat final s’avère concluant. À Ypres, les « pleureuses »1 se rendent presque chaque jour à l’hôpital, en raison du nombre croissant de décès. De Nieuport à Ypres, les…

Vendredi 22 janvier 1915

Avions dans le ciel Le beau temps favorise la présence d’avions dans le ciel de Comines et d’Ypres. À Warneton, les bombardements continuent sans relâche. L’hôtel de ville, déjà complètement détruit il y a deux semaines, est désormais rejoint par le château Ghesquière, incendié hier, ainsi que plusieurs maisons voisines. Les nouvelles rapportent qu’Oosttaverne, le château Mahieu et Beselaere ressemblent à de vastes cimetières. Le canal, près du tunnel, est rempli de cadavres, témoignant de l’horreur des combats. Le 17ᵉ régiment est de retour et reprend les exercices dans la cour de la brasserie Dumortier. Une autre brigade le suit,…

Samedi 23 janvier 1915

10.000 Allemands en route pour le front Le gel s’installe légèrement, accompagné d’un vent du nord glacial qui accentue le froid. La Lys est de nouveau en crue, atteignant presque le niveau de sa précédente montée. Les journées se suivent et se ressemblent à tel point que l’on ne prête plus attention à grand-chose. Henri Dumortier, en passant à la Kommandantur de Comines-France, assiste au défilé impressionnant de quelque 10 000 soldats allemands, venant de la rue d’Hurlupin et se dirigeant vers Deûlémont et la Belgique. Inondations à Deûlémont – Fonds SHCWR Un grand nettoyage est entrepris à l’église de…

Dimanche 24 janvier 1915

Les derniers sacrements Durant la nuit, le canon gronde avec plus d’intensité et semble se rapprocher, faisant craindre un nouvel assaut. Pourtant, au matin, le calme revient, et la journée se déroule sans autre agitation. Monsieur le Curé célèbre une messe supplémentaire à 10 h 30 pour répondre aux besoins de ses paroissiens. Vers 18 h, un soldat allemand sollicite le Curé avec une lettre du commandant, demandant qu’il administre les derniers sacrements à un jeune homme nommé Oscar Spinnewyn-Roussel, résidant sur la place de Ten-Brielen. À Poperinghe, on rapporte que Dunkerque a été bombardée par l’aviation allemande : environ…

Lundi 25 janvier 1915

Une rémission La nuit se déroule dans un calme relatif, sans bruit de canon ni de fusillade, mais la rue reste animée par un va-et-vient constant. La consommation de bière diminue de moitié, tandis que les prix des denrées baissent après une flambée au début de la guerre. Le beurre, qui atteignait 6,50 francs, redescend à 5 francs, le chocolat coûte désormais 5 francs, et les œufs se vendent à 6 sous. Les magasins rouvrent en grand nombre, contrastant avec les fermetures massives des premiers jours du conflit. Chaque jour, des brasseurs bavarois viennent visiter la brasserie Dumortier, un lieu…

Mardi 26 janvier 1915

Typhus à Comines Il fait un froid glacial, le vent du nord annonce l’arrivée imminente de la neige, même si le gel n’est pas encore là. Une ordonnance allemande travaillant aux écuries tombe malade et est transférée au lazaret pour être soignée. Le pain distribué est de qualité de plus en plus médiocre, gorgé d’eau au point qu’il ne peut durcir : c’est une pâte informe et difficile à consommer. Le typhus continue de faire des ravages. Dimanche, c’était le fils Wolters qui succombait à la maladie, et aujourd’hui, c’est sa femme. À Comines-Belgique, de nombreux cas sont signalés. Autour…

Mercredi 27 janvier 1915

C’est triste et malheureux une paroisse sans prêtre Le vent a changé de direction, et le bruit du canon s’estompe presque complètement. Aujourd’hui, on célèbre l’anniversaire de Guillaume II. Dès 6 h 30, une parade militaire accompagnée de musique défile dans les rues. Une messe en musique est organisée à Comines-France. Tout au long de la journée, la ville vibre au rythme des concerts, des cortèges et des fanfares militaires. Le drapeau flotte fièrement sur plusieurs maisons, et de nouvelles capotes ont été distribuées aux soldats. Les habitants de Ten Brielen expriment leur désarroi : « Une paroisse sans prêtre,…

Jeudi 28 janvier 1915

Appel des hommes de 18 à 30 ans Le canon a repris de plus belle, brisant le calme relatif des jours précédents. Les soldats allemands, trouvant les greniers trop froids pour s’y installer, cherchent des lieux plus adaptés pour se loger. Une nouvelle publication impose à tous les civils masculins âgés de 18 à 30 ans de se présenter chaque jour à 16 h à la Commandantur. Avant cela, ils doivent se faire inscrire immédiatement au « Centre ». L’objectif de cette mesure reste flou et suscite inquiétude et spéculations parmi la population. Le 21ᵉ régiment d’infanterie de réserve bavarois…

Vendredi 29 janvier 1915

Marche de nuit Le grondement du canon se fait particulièrement intense aujourd’hui. Le temps clair mais glacial, avec des températures sous le gel, encourage les aviateurs à s’élancer dans le ciel. À Comines France, il devient impossible de se procurer de la farine, bien que l’on puisse encore en trouver en petite quantité du côté belge. Une marche de nuit en direction de Messines est organisée. La route, comme à l’accoutumée, reste encombrée de soldats et de véhicules divers. Georg Cohn, médecin, y participe accompagné de deux assistants. Route vers Messines – Fonds SHCWR Les soldats allemands reçoivent une nouvelle…

Samedi 30 janvier 1915

Restriction de pain en vue à Comines. Les tirs de fusil et le grondement du canon reprennent avec intensité. Un important renfort militaire traverse la ville : 2 000 fantassins de la réserve en provenance de Wervik, précédés d’une fanfare et suivis de quelques mitrailleuses. Cette mobilisation laisse craindre l’imminence d’un combat majeur. Soldats allemands à Wervik devant le « Comte de Flandre » – Fonds SHCWR À Comines, les rations de pain risquent d’être réduites et passeraient à seulement 130 grammes par personne. Dans un geste de solidarité, 60 000 kg de pommes de terre seront distribués aux plus démunis à…

Dimanche 31 janvier 1915

Tentative de percée Le canon continue de gronder avec force, et en plein jour, la fusillade est clairement audible. Les offices religieux se poursuivent à la chapelle : pour la première fois, une grand-messe chantée y est célébrée, suivie de la messe de 10 h 30 dite par le curé. Trois à quatre fois par semaine, un concert anime la rue aux alentours de 15 h. Il semble que les Anglais préparent une percée nocturne à Wijtschate. À Elverdinghe, le général français Balfourier du 20ᵉ Corps d’Armée dirige les opérations depuis le château local. Non loin de là, l’évêque de…

Lundi 1 février 1915

600 militaires allemands La nuit a été marquée par une forte agitation : tirs de canon et de fusil, ainsi que d’importants mouvements de troupes. À Comines France, quelques obus ont sifflé du côté de la gare vers 11 heures du matin. Des colonnes de fantassins, précédées par de la musique militaire, défilent matin et soir dans les rues. Un nouvel arrêté impose la fermeture des estaminets à 19 heures. À Messines, 600 soldats allemands se retranchent dans les caves, cherchant refuge face aux bombardements. À Ypres, les artilleurs britanniques traversent la ville pour prendre les positions occupées jusque-là par…

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