Repoussé à Kruiseek

La matinée à Comines est calme. Le canon gronde toujours, tantôt vers Warneton, tantôt vers Ten-Brielen et Cruyseecke. Des aéroplanes survolent continuellement la ville, et les Allemands leur tirent dessus. Des décharges tombent même sur la toiture des maisons.

Les Allemands se lancent à nouveau à l’assaut de Ten-Brielen. Les Scots Guards sont surpris, et la 20e brigade d’infanterie britannique est définitivement repoussée de Kruiseek.

Des civils sont rassemblés dans un champ de betteraves, juste à côté de la place, près du cabaret « A ma Campagne ». Ils sont déplacés vers Wervik. En chemin, une colonne de soldats, dirigée par un officier, demande pourquoi ces civils sont là. « Sie haben geschossen » (« Ils ont tiré »), répond leur guide. L’officier hurle : « Sie müssen die Leute allen afmachen » (« Vous devez achever tous ces gens »). Les civils comprennent alors qu’ils sont considérés comme des francs-tireurs et commencent à craindre pour leur vie.

Ils sont finalement conduits à Wervicq-France et placés contre un mur pour être fusillés. Heureusement, ce n’est qu’un simulacre destiné à les effrayer. Le soir, ils sont enfermés dans le cabaret « Au Cheval Blanc », où deux d’entre eux parviennent à s’échapper.

Ten Brielen – Fonds SHCWR

Ten-Brielen est sans prêtre. Au début, un vicaire de Comines ou de Wervik recevait parfois l’autorisation de venir, mais une fois l’armée définitivement installée, un aumônier est affecté à Ten-Brielen pour desservir à la fois les civils et les militaires.

Les hommes du I Scots Guards doivent faire face à de violents combats. Après avoir repoussé les 23e et 24e Dragons de l’Oberst von Glasenapp à la mitrailleuse, ils finissent par céder sous le nombre, appuyés par des mortiers lourds récemment amenés à Ten-Brielen. Les cavaliers de von Riedesel sont les premiers à atteindre les tranchées britanniques, capturant 300 hommes et 9 officiers. Un de ces derniers tente même de se suicider, fou de rage de voir son régiment d’élite battu par des cavaliers.

Les Bavarois, hussards, dragons prussiens et hessois, retranchés à Kruiseek, entendent leurs camarades charger les Anglais à Geluveld et Zandvoorde, tandis qu’une imprudente charge du I.R. N° 16 se solde par un bain de sang.

La King’s Company, sous pression, parvient à se replier vers 4 h du matin. Après un court repos à Ypres, le bataillon est envoyé au sud-est de Geluveld, où un nouvel assaut allemand est attendu. Les combats sont terribles, mais malgré le manque de renforts, les Anglais parviennent à reprendre la briqueterie au sud du croisement des routes Beselare-Wervik et Ypres-Menin. Pendant ce temps, le lieutenant-colonel Earle, grièvement blessé, est secouru par l’Unterarzt Schwend, médecin allemand du I.R. N° 274, qui le ramène dans ses lignes.

L’assaut allemand à Frelinghien déloge les Écossais des brasseries et du village, les forçant à abandonner des quantités de munitions et de vivres. Le pont frontière est détruit. Les Saxons, victorieux, se précipitent sur les tonneaux de bière, mais le breuvage ne leur convient pas, et ils finissent par jeter la bière dans la Lys. Les fûts sont ensuite remplis de terre et utilisés pour renforcer une tranchée à l’est du bois de Ploegsteert, baptisée « Tonnenweg ».

Tonnenstrasse Le Gheer – Guy Mahieu

Les églises de Messines et d’Hollebeke sont en feu, tandis que les Belges demandent l’aide des Français sur l’Yser.

Sources :
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