Mon beau cigare

Il pleut presque toute la journée, une pluie froide mêlée de neige.

Le concert, suspendu les jours précédents, reprend aujourd’hui, malgré le canon qui tonne violemment au nord et à l’ouest.

Une messe se tient à la chapelle.

Les obus de la veille causent de gros dégâts. À « L’Espérance », un obus traverse toute la maison avant d’exploser dans la cave, détruisant une tonne de bière.

De nombreux soldats et civils viennent à la brasserie Dumortier pour chercher des fûts de bière, formant une véritable procession.

Louis Mahieu n’est pas emprisonné, mais rencontre des difficultés pour avoir tenté de retirer une affiche collée sur sa maison.

Les Anglais, méfiants vis-à-vis des espions depuis le début du conflit, n’autorisent les déplacements des civils qu’avec une pièce d’identité prouvant leur résidence. Cependant, leur rigueur diminue à Noël 1914, marquée par une fraternisation entre soldats ennemis. Maurice Ceulenaere se rappelle avoir vu un soldat britannique, Hesley, exhiber fièrement des cigares reçus d’un Allemand, ancien garçon de café à Londres.

Georg Cohn apprend que des cadeaux s’échangent entre soldats des deux camps, certains passant rapidement de main en main.

THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51561) View of British and German trenches – the British is the near line. Taken from much shelled roof of farm in which 1st Battalion, Cameronians (Scottish Rifles) machine guns would have been placed if they had control of Armentieres Sector. 26th December 1914. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205285237

Au front, la relève a lieu tous les 3 à 4 jours. Un médecin reste en première ligne dans un abri de combat, tandis que ses collègues se trouvent dans les caves de Messines. Les soldats passent 10 à 12 jours en zone de combat, puis 3 à 4 jours de repos à Comines ou Warneton. Les trajets se font de nuit, souvent à pied, croisant patrouilleurs, cyclistes, hommes du génie, blessés, ambulances, convois de marche et trains de munitions. Les tirs de batteries sont les seules sources de lumière, toute autre étant interdite entre Messines et Gapart (ou Gapaard).

Les postes de secours ne reçoivent malades et blessés qu’après la tombée de la nuit. Celui de Messines se trouve dans une pièce voûtée du monastère, probablement une ancienne boucherie à en juger par les crocs fixés au plafond.

Sources :
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