Une rémission

La nuit se déroule dans un calme relatif, sans bruit de canon ni de fusillade, mais la rue reste animée par un va-et-vient constant.
La consommation de bière diminue de moitié, tandis que les prix des denrées baissent après une flambée au début de la guerre. Le beurre, qui atteignait 6,50 francs, redescend à 5 francs, le chocolat coûte désormais 5 francs, et les œufs se vendent à 6 sous. Les magasins rouvrent en grand nombre, contrastant avec les fermetures massives des premiers jours du conflit.
Chaque jour, des brasseurs bavarois viennent visiter la brasserie Dumortier, un lieu désormais familier.
Hier, l’église de Comines-France a repris ses activités cultuelles, marquant une étape symbolique pour la communauté.

Au Gheer, 75 nouvelles recrues rejoignent les rangs d’un bataillon britannique, qui se dote également de deux mitrailleuses neuves. Malgré ces renforts, les pertes de ce mois sont élevées : 19 morts et 32 blessés, un bilan lourd pour les opérations menées.
Les mouvements entre Messines et Comines sont incessants et périlleux. Georg Cohn, logé dans la villa d’un industriel à Comines, obtient une chambre pour la propriétaire âgée, visiblement accablée, grâce à l’intervention bienveillante du commandant local.
Un officier anglais, interviewé par le journal hollandais De Nieuwe Courant, décrit les conditions difficiles sur le front du canal Yzer-Ypres. Progressant dans l’obscurité totale, ses hommes avancent sur des chemins inondés, souvent avec de l’eau glacée jusqu’aux hanches. Les fossés, remplis de détritus, ralentissent leur progression. Malgré le froid pénétrant, les soldats suivent scrupuleusement les ordres, maintenant la vigilance avec des tirs sporadiques pour perturber l’ennemi. Le matin, une ration de rhum leur permet de tenir face aux rigueurs de l’hiver.
Sur le front de l’Est, les troupes russes lancent une offensive hivernale contre les Austro-Hongrois dans les Carpates, tentant de soulager la pression sur la Serbie.