Grand tra-la-la chez les Allemands

Le matin, dès 4 h, on entend encore quelques coups de feu et de canon, bien que le front reste calme. Noël s’annonce tristement sous un froid glacial, et la neige ne saurait tarder.
Les célébrations de Noël battent leur plein du côté allemand, mais leur ambiance extérieure prête souvent à sourire. Les catholiques allemands semblent s’inspirer des protestants, ce qui contraste avec la solennité des cérémonies françaises. En dehors de l’église, les festivités virent parfois à de véritables excès, tant chez les officiers que chez les soldats.
Le soir, les infirmiers belges sont brutalement expulsés de l’ambulance du couvent par décision unilatérale de la haute cour médicale allemande, sans explication ni procédure.
Chaque soldat allemand reçoit un cadeau de Noël d’une valeur de 2 marks, accompagné d’un repas festif : sardines, biscottes, charcuterie, asperges, fromage et punch. Dans la nuit, des voix s’élèvent dans les tranchées pour entonner le célèbre « Stille Nacht », brisant un silence pesant.
Dans plusieurs secteurs du front, des scènes incroyables se déroulent : soldats anglais et allemands sortent sans armes de leurs tranchées, se saluent, échangent tabac, vivres, et souvenirs. Les rires fusent alors que chacun tente de communiquer, mêlant anglais et allemand. Des vœux de « Happy Christmas » et « Guten Weihnacht » traversent les lignes ennemies, créant une ambiance surréaliste.

À Houplines, près de la Lys, des Saxons du 133e régiment fraternisent avec les Scottish Seaforth Highlanders. Ils vont même jusqu’à organiser un match de football, remporté par les Allemands sur le score de 3 à 2. Au Saint-Yvon, la trêve dure une semaine. Lorsque des Anglais doivent tirer sur une ferme occupée par les Allemands, ils préviennent leurs adversaires à l’avance, ce qui met un terme à la fraternisation.

Cependant, ces scènes de camaraderie n’échappent pas aux autorités, qui ordonnent rapidement d’interrompre toute tentative de rapprochement. À la Saint-Sylvestre, un ordre strict impose de tirer sur les lignes ennemies pour éviter toute récidive.1

Pendant ce temps, la Royal Navy tente une attaque infructueuse en baie d’Heligoland, inaugurant l’utilisation de porte-hydravions dans les opérations militaires.


Sources :
Référence :
- Tome 2 – SHCWR
- Tome 7 – SHCWR
- Tome 12 – SHCWR
- Tome 19 – SHCWR
- Tome 22 – SHCWR
Auteur :
- Duvosquel Jean-Marie
- Delporte Jean-Baptiste
- Mère Marie de la Passion
- Bourgeois Henri
- Dumortier Henry
- De Simpel Francis
- Bouckhuyt Marcel
Lieu :
- L’année suivante, des mesures similaires sont appliquées, bien que, dans la vallée de la Lys, une trêve tacite dure huit jours. ↩︎